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Théâtre, un menu quotidien au Caire… !

Théâtre, un menu quotidien au Caire… !

TRIBUNE. « Le théâtre est une nourriture aussi indispensable à la vie que le pain et le vin… Le théâtre est donc, au premier chef, un service public. Tout comme le gaz, l’eau, l’électricité ». (1)

Fidèle à son histoire théâtrale séculaire, le Caire respire le théâtre au quotidien ! En effet, enviant les soirées théâtrales parisiennes, le quatrième art caractérise les veillées artistiques de la ville du légendaire Nil. Ce dernier qui, lui aussi, s’évertue, avec ses bateaux de croisières et de plaisance nocturnes, dans une navigation en quête d’émulation, à illuminer les nuits cairotes…

Parallèlement aux productions cinématographiques et télévisuelles inondant la consommation culturelle égyptienne, voire du monde arabe, les productions théâtrales n’ont jamais délaissé leur trône et conservent toujours leur relation privilégiée avec le spectateur égyptien, principalement le Cairote !

Rien qu’à voir les affiches des pièces théâtrales qui se poussent du coude avec celles des films de cinéma, on constate ce lien quotidien et fidèle qui unit, par un amour culturel indéfectible, la scène et le spectateur !

Ainsi, animés par le plaisir de la représentation théâtrale et régénérés par l’effet enchanteur et purificateur des passions que procure la catharsis, les « consommateurs » de cet art se dotent à la longue d’un goût artistique d’une finesse à même d’envier ceux de la cité idéale de Platon… !

Car s’il s’agit bel et bien d’un divertissement culturel, il n’en demeure pas moins que nous sommes, tout aussi, devant un phénomène d’éducation, tout comme l’affirme l’anthropologue américaine Hortense Powdermaker. « Tout divertissement est une éducation plus efficace que l’école parce qu’il fait appel à l’émotion et non à l’intelligence ». (2)

Dans cette ambiance intellectuelle qui enivre l’atmosphère humidificateur du Nil, les Cairotes, même s’ils veillent, mixtes et en famille, jusqu’à une heure tardive, dans les salons de café où règne la chicha, voire les artères du centre-ville métamorphosées en esplanades, cependant, dès l’aube, telle une fourmilière, la société, du cireur des chaussures jusqu’au plus grand homme d’affaires, s’activent à créer une économie productrice de richesses… !

Cette tradition et cette habitude qui se sont ancrées dans le quotidien culturel de la société cairote depuis la seconde moitié du XIX° siècle, grâce à Jacob Sanoua (3), peut-elle trouver une explication – sous réserve de l’avis des sociologues, seuls spécialistes en la matière ! – ? Y a-t-il un quelconque élément de réponse dans la citation de l’auteur des Misérables (4) qui dit que « Le théâtre doit faire de la pensée le pain de la foule » ?

Dans l’attente d’une méditation de cette question, le commun des nostalgiques des merveilleuses années soixante, soixante-dix…, caractérisées par des noms tels que Bachtarzi, Kaki, Kateb Yacine, Mustapha Kateb, Alloula, Benguettaf, Medjoubi et tant d’autres et tout aussi la pépinière mostaganémoise dont son théâtre amateur enfantait annuellement des bourgeons prometteurs de fruits aux mille et un talents…, déplore la situation que connaît l’activité théâtrale, voire culturelle du pays de Rouiched et Sirat Boumediène et tant d’autres… Rabbi yarhamhoum !

Et puisque l’espoir est permis, armons-nous d’optimisme, que le soleil tant attendu finira par se lever pour illuminer tant nos salles de cinéma que nos théâtres afin que nul ne se sente déconcerté par la comparaison entre le « chez-eux » et le « chez-nous » !? Amen…

*Directeur du Centre d’enseignement intensif des Langues, enseignant-chercheur au Département de Lettres et Langue Française, Faculté des Lettres et des Langues, Université Kasdi Merbah de Ouargla 30000 – Algérie

Notes :
1- Jean Vilar (1912-1971), comédien de théâtre et de cinéma, metteur en scène, directeur de théâtre et auteur français. Il est le créateur du Festival d’Avignon en 1947 qu’il dirige jusqu’à sa mort.
2- Hortense Powdermaker, anthropologue américaine (1896 – 1970).
3- Jacob Sanoua (1839-1912), un des premiers fondateurs du théâtre égyptien.
4- Victor Hugo (1802 – 1885).
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