Située à 70 km à l’ouest d’Alger, le site archéologique de Tipaza est dans un état de pollution incroyable. Une virée du côté de la basilique Sainte-Salsa, appelée aussi le cimetière de l’Est, dont l’entrée se trouve à proximité du port de Tipaza, atteste d’une dégradation environnementale sans précédent.
Les visiteurs organisent des pique-niques sur place sans prendre la peine de ramasser les restes de leurs repas. Le décor est affligeant. Le site archéologique est jonché de canettes, papiers gras, sachets, emballages, bouteilles en plastique…
Et ce n’est pas tout. Une odeur nauséabonde envahit les lieux. Et pour cause. Des égouts, charriés depuis les habitations de la ville de Tipaza, se déversent directement dans la mer, polluant l’environnement : un cloaque d’eau de vaisselle, de lessive et de matières organiques agresse la vue et l’odorat des visiteurs.
La beauté de ce lieu paradisiaque, entouré par la mer et surmonté par la montagne du Chenoua est complètement défigurée. Pourtant, cet endroit a une grande valeur historique et archéologique. Classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco, ce site fut décrit comme « l’un des plus extraordinaires complexes archéologiques du Maghreb ».
L’ambition de redorer le blason du tourisme en Algérie est compromise. Comment donner un nouveau souffle au tourisme si l’on ne préserve pas notre patrimoine millénaire ?
Incivisme et non-respect du site
Rappelons qu’il fut un temps où l’interdiction d’accéder aux ruines romaines avec des victuailles était appliquée par les gardiens à l’entrée de ce site. Aujourd’hui, les visiteurs s’acquittent d’un ticket de 50 da mais peuvent pique-niquer à l’aise sur les sarcophages de pierre en laissant leurs déchets sur place.
Les mosaïques millénaires sont foulées au pied sans aucune intervention des agents de sécurité. Durant l’été, des embarcations proposent des promenades en mer, à partir de ce site, qui se transforme en une sorte de souk à ciel ouvert.
Livrée à l’incivisme et polluée par les eaux usées de la ville située en amont, le site antique de Sainte-Salsa continue de se dégrader dans l’indifférence la plus totale.
Histoire
Les premières fouilles ont été effectuées sur le site de Sainte -Salsa en 1891 par l’archéologue français Stéphane Gsell (1864-1932). Stèles, sarcophages, colonnes, jarres, amphores, fragments d’épitaphes latines y avaient été découverts.
Sainte -Salsa, une adolescente de 14 ans très croyante a vécu vers le début du IVe siècle à Tipaza, avec ses parents. Un jour, les habitants avaient organisé une fête pour rendre hommage à leur idole : un serpent à tête dorée. Afin de montrer sa désapprobation vis-à-vis de ces pratiques, Sainte -Salsa s’empara de la tête du reptile et la jeta dans la mer. La population cria au sacrilège. Afin de punir la jeune fille, ils portèrent des coups d’épée à son corps avant de la jeter à l’eau.
Le cadavre de la suppliciée fut retrouvé à l’emplacement du port de Tipaza par des marins gaulois. Une chapelle fut construite au sommet de la colline, à l’emplacement où la mer a rejeté le corps de l’adolescente qu’on surnomma Sainte-Salsa.