À contre-courant de la majorité des pays européens, l’Espagne n’a pas sombré dans une politique anti-migratoire. Bien au contraire : le pays a adopté plusieurs facilitations en faveur des étrangers sans-papiers.
En novembre dernier, l’Espagne a d’ailleurs annoncé qu’il compte régulariser près d’un million de sans-papiers entre 2025 et 2027, soit 300.000 chaque année.
Selon Elma Saiz, la ministre espagnole des Migrations, cette régularisation massive se fera en ouvrant « des portes qui étaient auparavant fermées dans trois domaines : la formation, l’emploi et la famille ».
Ceci dit, sur le terrain, la situation demeure très compliquée pour les sans-papiers demandeurs de titres de séjour. Afin de régulariser leur situation, ces derniers comptent notamment sur le permis de séjour de type « Arraigos », ce qui veut dire « racines » en français.
Titres de séjour « Arraigos » : l’espoir de plusieurs sans-papiers
Selon Ana Alañon, avocate en droit des étrangers, citée par le média Info Migrants, il existe actuellement quatre types de titres de séjour « Arraigos » : « de travail, social, de formation, et familial »…
L’avocate précise cependant que ces titres de séjour sont réservés aux personnes en situation irrégulière qui justifient, selon les permis, de deux à trois ans de présence sur le sol espagnol. L’accès à la régularisation n’est donc pas facile.
Fin 2023, 210.334 personnes disposaient d’un titre de séjour « Arraigos », soit 85.000 de plus qu’en 2022, fait savoir le site spécialisé. Ce type de titre de séjour, valable un an, permet à son détenteur de décrocher par la suite un permis de résidence ou une autorisation de séjour et de travail.
Des délais trop longs et des débouchés incertains
Malgré ces chiffres prometteurs, la réalité est tout autre. À titre d’exemple, sur les 23.000 titulaires d’un titre de séjour « Arraigos » de formation fin 2023, seuls 1.347 ont pu décrocher, à la fin de la formation, un contrat de travail.
Mais ce qui est le plus dur pour les sans-papiers, c’est le temps de présence en Espagne exigé pour pouvoir prétendre à ces titres de séjour. De deux à 3 ans d’attente. Ce délai les maintient dans une situation précaire.
C’est le cas de Blaye qui vend des sacs à la sauvette à Madrid, ou encore de Ousmane, au chômage qui a déjà connu la rue et qui assure « qu’il y a des jours où je regrette d’être venu en Espagne ».
Babacar attend, quant à lui, octobre 2025 pour faire ses trois ans de présence en Espagne et pouvoir enfin demander l’Arraigo de travail. Ce sans-papiers espère cependant trouver un employeur qui voudra bien lui faire un contrat et l’embaucher.
À cause de cette période d’attente, « de nombreux migrants plongent dans la pauvreté et ne peuvent en sortir », explique Élisa Brey, professeur de sociologie.
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