À l’issue d’un parcours d’étude de licence, les étudiants étrangers en France redoutent de voir leur situation administrative basculer : perdre leur titre de séjour et recevoir une OQTF, synonyme d’obligation de quitter le territoire français.
Après l’obtention d’une licence, poursuivre les études en France permet aux étudiants étrangers de rester légalement dans le pays. Lors de l’examen du dossier de renouvellement du titre de séjour, les préfectures apprécient le caractère réel et sérieux des études.
Écoles privées en France : des tarifs élevés
Or, être admis dans une formation de master relève parfois du parcours de combattant. Ce manque de suivi « est une réalité à dénoncer », déplore le vice-président de l’association Voix des étudiants étrangers, Emile Albini, cité vendredi 24 mai par le journal Le Monde.
L’association, ayant pour mission d’accompagner gratuitement ces étudiants étrangers dans leurs démarches auprès des préfectures, prend en charge plusieurs dizaines de cas d’étudiants non-affectés en master.
De peur d’être expulsés de France à l’issue de leur licence, de nombreux étudiants se tournent vers les écoles privées. Ces établissements, conscients de la vulnérabilité des étudiants étrangers, jouent sur le flou qui règne dans le domaine pour les appâter, même s’ils n’ont pas le niveau de reconnaissance par l’État pour permettre l’obtention d’un titre de séjour, explique le journal français.
Actuellement, il existe une grande diversité d’offres de formations en France, ce qui peut créer une confusion. « Cette multiplicité a fini par créer un paysage peu lisible », explique le ministère français de l’Enseignement supérieur.
Cette situation permet « à certains acteurs de jouer sur le flou en prétendant un niveau de reconnaissance par l’État qu’ils ne possèdent pas », ajoute la même source. Sous pression, les étudiants s’inscrivent dans ces écoles sans se renseigner et en payant « des sommes faramineuses », indique pour sa part le vice-président de l’association Voix des étudiants étrangers. Certains étudiants découvrent qu’ils ont été floués en arrivant à la Préfecture pour renouveler leur titre de séjour.
Titres de séjour étudiant après licence : les écoles privées sont-elles la bonne solution ?
Par ailleurs, ces écoles privées vendent aussi l’argument de l’employabilité, notamment après la promulgation de la loi dite « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » qui a engendré un vrai essor de l’alternance.
Dans ce cas, les étudiants étrangers sont attirés par l’espoir de pouvoir basculer plus facilement dans le marché du travail et obtenir un titre de séjour salarié au terme de la formation. Or, le parcours dans l’une de ces écoles ne garantit pas nécessairement une meilleure insertion sur le marché du travail.
C’est ce que confirme le témoignage de cet étudiant diplômé de l’Institut Supérieur de l’Événement, cité par Le Monde. Bien qu’il soit inscrit avec une promesse d’embauche, mais « au moment de changer mon statut d’étudiant à salarié, en 2022, la préfecture s’est saisie de l’intégralité de mes documents, excepté mon diplôme », témoigne-t-il auprès du même journal.
Un agent de la préfecture lui a annoncé, en rejetant sa demande de titre de séjour, que son diplôme n’était pas reconnu par l’État. « C’était un véritable électrochoc », se souvient l’étudiant. Pour sa part, le fondateur de l’école affirme que l’étudiant en question s’était inscrit en connaissance de cause.
Pourtant, la mention « diplôme équivalent master 1 » figure effectivement sur le certificat d’inscription de l’étudiant, qui était convaincu qu’il s’agissait « d’un vrai master ». Faute d’un titre de séjour, il a été contraint de rentrer dans son pays d’origine.
Une enquête citée par Le Monde, indique que plus de 30 % des établissements contrôlés ont recours aux pratiques commerciales trompeuses, en promettant des mentions valorisantes (comme mastère, diplôme équivalent master 1, Master of Science, MBA …) sans de réelles justifications.
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