Après avoir reçu les préfets et annoncé deux circulaires, dont une qui prévoit de réduire radicalement les régularisations, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, détaille son plan immigration dans un entretien accordé ce mercredi 9 octobre au journal Le Parisien.
C’est toujours le même mot d’ordre à la place Beauvau : expulser plus et délivrer moins de titres de séjour aux étrangers. Le ministre de l’Intérieur compte effectivement durcir les conditions de régularisation des sans-papiers.
S’exprimant à propos de la réunion avec les préfets, tenue mardi 8 octobre, et dont l’ordre du jour était particulièrement centré sur l’immigration, Retailleau dit vouloir « reprendre le contrôle » et apporter une réponse « à l’urgence et à la demande des Français ».
Retailleau détaille sa feuille de route sur l’immigration : voici les principaux axes
La stratégie du locataire de la place Beauvau concernant l’immigration « est globale » et comprend une réponse internationale, une réponse européenne et une réponse nationale, explique-t-il au journal Le Parisien.
Au niveau international, il prévoit de mettre la pression sur les pays d’origine des étrangers faisant l’objet de mesures d’éloignement, afin qu’ils délivrent les laissez-passer consulaires. Une mesure qui concerne en grande partie l’Algérie et les ressortissants algériens en situation irrégulière en France.
À noter que Bruno Retailleau ne cite plus nommément l’Algérie depuis quelques jours. Toutefois, les mesures qu’il prévoit sont toujours d’actualité, dont notamment la réduction des visas, la révision de l’accord franco-algérie de 1968 et bien évidemment la question des laissez-passer consulaires.
« Je vais envoyer dans les semaines prochaines deux circulaires aux préfets »
Au niveau européen, le ministre français estime nécessaire de réviser « la directive Retour » que de nombreux pays veulent modifier, selon lui. Les demandes d’asile n’échappent également pas au plan sur l’immigration de Retailleau.
« J’aimerais anticiper l’application de six mois du paquet asile immigration dès janvier 2026 », a-t-il dit. À travers cette mesure, il souhaite renforcer les contrôles à l’extérieur de l’Union européenne et déployer un mécanisme de solidarité entre les États membres pour faire face à une éventuelle vague migratoire.
Au niveau national, Bruno Retailleau confirme les deux nouvelles circulaires abordées lors de la réunion avec les préfets. « Je vais envoyer dans les semaines prochaines deux circulaires aux préfets », a-t-il affirmé.
L’une de ces circulaires, celle qui remplacera la circulaire Valls, portera sur une réduction drastique des régularisations. « Nous ne devons régulariser qu’au compte-goutte », a détaillé le ministre de l’Intérieur à propos de cette circulaire.
Incrimination de l’islam politique : une épée de Damoclès qui pèse sur les musulmans de France
Autre point important souligné par le ministre : une nouvelle incrimination pénale correspondant à la nature et aux stratégies de l’islam politique. À ce propos, il souligne qu’il s’agit, pour le moment, « d’une piste de travail ».
Le séparatisme, selon lui, « se double désormais d’un entrisme islamiste, qui a pour objectif de saper nos institutions et qui, à bas bruit, infiltre les associations et même les collectivités ». Cela trouve son origine, toujours selon le même intervenant, « notamment chez les Frères musulmans ».
Mais il s’agit en toute vraisemblance d’une définition assez floue pour laisser la porte ouverte à tous les dérapages à l’égard de la communauté musulmane en France. Il s’agit en effet d’une véritable épée de Damoclès qui pèse au-dessus des têtes de tous les étrangers de confession musulmane qui vivent en France.
Cela peut également être perçu comme une criminalisation de la pensée, ce à quoi Retailleau répond que « la pensée est libre », mais que « les valeurs de la République (française) ne sont pas négociables ».
Dans sa feuille de route sur l’immigration, Retailleau maintient l’ensemble des mesures qu’il a prononcées auparavant, dont la suppression de l’aide médicale d’État (AME) et l’allongement de la durée maximale de placement en centre de rétention administrative (CRA).