Confrontée à une grave crise de trésorerie, à l’instar de la majorité des clubs algériens et même étrangers, la JS Kabylie a eu recours aux valeurs ancestrales de la région pour mettre en place un nouveau mode de financement : la solidarité des supporters.
La recette n’est peut-être pas miraculeuse, mais elle permet de boucher un trou ou faire face à une dépense urgente.
Déjà très précaire, le modèle économique des clubs algériens de football a été très impacté par la crise sanitaire de Covid-19. La première conséquence directe des mesures de prévention prises par les pouvoirs publics a été de priver les clubs d’une partie de leurs revenus qui sont les recettes du stade.
En Algérie, la compétition a été carrément suspendue entre mars et novembre 2020, avant de reprendre à huis clos. En tout, c’est huit mois d’arrêt et jusqu’à maintenant cinq mois de huis clos.
Il est vrai que la billetterie ne fait pas vivre les clubs algériens, financés dans une très large mesure par les fonds publics sous différentes formes, mais dans le cas de la JSK, les choses sont quelque peu différentes.
Depuis la venue du président Chérif Mellal, début 2018, les tribunes affichent souvent complet et la direction veille à ce que les supporters payent leur ticket.
Avec un stade du 1er-Novembre (environ 20 000 places) presque toujours plein et tout le monde qui paye sa place à 500 Da (le tarif le plus cher du championnat algérien), la cagnotte peut atteindre les 10 millions de dinars, une somme en appoint aux autres ressources du club qui sont l’apport des sponsors et les droits télé.
Mais la pandémie a tout remis en cause. Pas de recettes du stade, et même les sponsors, eux aussi impactés par la crise dans leurs domaines respectifs, payent moins ou ne le font pas du tout.
La JSK ne fait pas partie des quelques clubs de l’élite pris en charge par des entreprises nationales (MCA, USMA, CRB, JSS et CSC) qui, eux, ne semblent pas avoir de problème de financement. Elle devait donc se débrouiller seule.
| Lire aussi : VIDÉOS. Coupe de la CAF : la JSK termine en beauté, l’ESS ne passe pas
Une bouffée d’oxygène
C’est lorsque la crise a atteint son paroxysme avec une grève des joueurs que des supporters ont eu l’idée de lancer une initiative pour venir en aide à leur club.
Des fans établis en Europe ont créé l’association des amis de la JSK et décidé fin mars de lancer une cagnotte auprès de tous les supporters du club aux quatre coins du monde.
Au bout d’un mois, la coquette somme de 30 000 euros est collectée. Ce n’est pas grand-chose à l’échelle du budget d’un club de football de la taille de la JSK, mais quand les caisses sont vides, c’est toujours une bouffée d’oxygène.
Mais un problème juridique s’est posé, étant donné que ce type de financement n’est pas prévu par les textes et qu’il n’y a aucun moyen légal pour que les sommes ramassées puissent atterrir dans le compte du club. C’est ainsi qu’il a été décidé d’utiliser l’argent pour la prise en charge des frais du club à l’étranger.
C’est ensuite au tour de la direction d’avoir son idée : lancer la vente des tickets sans accès au stade. Les tickets sont baptisés Tiwizi, du nom de la vieille tradition kabyle d’entraide, de solidarité et de volontariat.
Le procédé permet de contourner l’interdiction d’accès du public aux gradins pour cause de crise sanitaire. Il n’y a pas encore de bilan chiffré mais l’opération connait un engouement certain, à en croire les échos sur les réseaux sociaux.
Il arrive aussi que des supporters aisés ou des chefs d’entreprises, mettent la main à la poche pour prendre en charge une importante dépense, comme la prise en charge du séjour de l’équipe dans une ville du pays pour un match ou un stage, la prime de signature d’un joueur…
Toutes ces initiatives sont louables et sont à même de pallier l’absence de ressources dans cette conjoncture de crise. Mais uniquement en période de crise. En temps normal, il faudra penser à sécuriser le financement du club par un modèle économique fiable et qui ne soit pas aléatoire.