Vive polémique au Maroc au sujet de la situation en Algérie. L’ancien ministre des Affaires étrangères du royaume (2013-2017), Salah Eddine Mezouar, a démissionné, ce dimanche 13 octobre, de son poste de président de la Confédération générale des entreprises du Maroc, suite à des propos tenus sur la situation en Algérie.
Participant il y a quelques jours à une conférence internationale à Marrakech sur les perspectives économiques et politiques dans le contexte de la montée de la Chine, M. Meezouar avait salué le « mouvement pacifique » que connait l’Algérie et estimé que « l’armée au pouvoir se devait de composer avec le peuple pour ouvrir la voie à la démocratisation du pays ».
« Les mutations majeures et structurelles que connaît le Maghreb sont porteuses d’espoir », a souligné Salaheddine Mezouar, cité par Le Desk.
« Les transformations politiques et socio-économiques que vit actuellement la région du Maghreb témoignent de sa prise de conscience de son rôle central et de son importance en tant que levier de croissance et acteur de changement », a affirmé Mezouar.
Le gouvernement marocain qui adopte une attitude prudente et qui ne s’est pas exprimé officiellement sur les événements en Algérie, a vite fait de désavouer son ancien chef de la diplomatie, qualifiant sa démarche d’ « irresponsable, maladroite et irréfléchie ».
« M. Salaheddine Mezouar, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a cru devoir commenter la situation interne en Algérie lors d’une conférence internationale tenue à Marrakech. Cette déclaration a soulevé des questionnements au niveau de la classe politique et de l’opinion publique quant à son timing et ses véritables motivations », indique un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères, rendu public ce dimanche 13 octobre.
« Le gouvernement de Sa Majesté le Roi dénonce cette démarche irresponsable, maladroite et irréfléchie. La CGEM ne peut se substituer au gouvernement de Sa Majesté le Roi dans la prise de positions sur les questions internationales et notamment le développement dans ce pays voisin. La position du Royaume du Maroc à ce sujet est claire et constante », ajoute le communiqué.
Le ministère rappelle en outre la position du Maroc vis-à-vis du hirak algérien : « Le Royaume du Maroc a, en effet, décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux développements en Algérie. Le Maroc s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin, ni à les commenter de quelque manière que ce soit ».
Désavoué par le gouvernement et le ministère qu’il a dirigé pendant quatre ans, M. Mezouar a immédiatement après adressé un courrier électronique aux membres de la CGEM, dans lequel il leur annonce sa démission de son poste de président de la Confédération.
En sa qualité de président du Rassemblement national des indépendants, Salah Eddine Mezouar avait intégré en octobre 2013, comme ministre des Affaires étrangères, le gouvernement de coalition formé par Abdelillah Benkiran. En Mars 2017, il a cédé son poste à Nasser Bourita, nommé chef de la diplomatie dans le gouvernement de Saâdeddine El Othmani, formé après cinq mois de blocage.