EXCLUSIF. Dans une serre géante au milieu du désert, le groupe Souakri entame la dernière ligne droite du méga projet algérien pour se lancer à la conquête du marché européen de la tomate, aujourd’hui dominé par l’Espagne et le Maroc.
La démesure du projet est à la hauteur des ambitions de l’Algérie de transformer le Sahara en immense grenier pour assurer sa sécurité alimentaire et exporter des tomates, des poivrons et d’autres produits agricoles vers le monde entier.
Le projet fou des Souakri va entrer dans sa phase d’essai fin mai et les premières tomates produites dans cette immense serre, avec une technologie hollandaise, seront cueillies et mises dans les cagettes fin octobre 2024.
« Les essais vont commencer fin mai et l’entrée de production est prévue fin octobre 2024. C’est la première serre qui est finalisée, d’autres serres seront réalisées. Nous avons un terrain de 1.000 hectares dont 500 pour les cultures maraîchères. C’est le plus grand maraicher d’Afrique et l’un des plus grands au monde. Nous allons y produire des tomates et tous les produits maraîchers », affirme Abdenour Souakri à TSA.
Pour réaliser ce projet, le groupe privé algérien qui est présent dans le ciment avec LafargeHolcim et l’agriculture, n’a pas lésiné sur les moyens.
Les détails du méga projet algérien de la tomate
« Nous avons opté pour des serres intelligentes, avec l’utilisation d’une électricité propre qui provient d’une ferme photovoltaïque qui est installée à proximité du projet. Nos tomates cerises seront produites avec zéro empreinte carbone », enchaîne-t-il.
Une condition qui compte pour exporter des tomates cerises sur le marché de l’Union européenne où les considérations liées au respect de l’environnement sont importantes dans le choix des consommateurs.
« Il n’y a pas une ferme similaire en Afrique et peut-être dans le monde. Nous avons de l’espace, de l’eau en abondance, une main d’œuvre locale qualifiée et de l’électricité propre. Nous avons aussi une luminosité exceptionnelle dans cette région », explique-t-il.
Tomates : le Maroc a exporté pour un milliard de dollars en 2023
L’avantage du méga projet algérien dans la tomate cerise réside dans la technologie utilisée qui permet de produire le petit fruit rouge toute l’année, sans interruption, dans des serres géantes et ultramodernes.
Ce projet représente un sérieux concurrent pour la tomate marocaine. En 2023, le Maroc a exporté 492.000 tonnes de tomates vers l’Union européenne pour 972 millions d’euros, en baisse en volume de 12 % par rapport à 2022, selon l’agence Ecofin.
Ces chiffres placent le Maroc en deuxième position sur la liste des fournisseurs de tomates pour l’Union européenne, derrière les Pays-Bas et l’Espagne.
« Notre première serre a une capacité de production de 6000 tonnes de tomates cerises et nous visons un chiffre d’affaires à l’export de 500 millions de dollars par an. Nous allons exporter nos tomates vers l’Europe et les pays du golfe », explique le patron du groupe privé algérien.
Le méga projet algérien de la tomate cerise devrait coûter à terme plus de 750 millions de dollars sur la base d’un taux de change d’un dollar pour 134 dinars. « Nous avons investi deux milliards de dinars dans la première phase du projet sur un investissement total de 100 milliards de dinars. Nous allons créer 10.000 emplois directs », précise Abdenour Souakri.
Pour exporter ses tomates cerises produites dans le désert algérien, le groupe Souakri compte déployer une importante logistique pour transporter ses cargaisons vers les ports du littoral ou bien vers les aéroports avoisinants comme El Oued et Touggourt afin de les acheminer vers différents marchés.
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