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Torture en Algérie : polémique en France sur le rôle de Jean-Marie Le Pen

Torture en Algérie : polémique en France sur le rôle de Jean-Marie Le Pen

La question de la torture pratiquée par l’armée française pendant la guerre d’Algérie revient au devant de la scène en France.

La nouvelle polémique concerne des propos inattendus de l’historien Benjamin Stora sur le rôle de Jean-Marie Le Pen dans ces actes.

Le Pen, fondateur du Front national, parti français d’extrême-droite devenu le Rassemblement national, a servi pendant la guerre d’Algérie comme officier parachutiste.

Il a notamment pris part à la bataille d’Alger qui a vu l’armée française recourir à la torture pour démanteler les réseaux du FLN.

Les accusations de torture ont poursuivi Jean-Marie Le Pen dès la fin de la guerre d’Algérie et ont donné lieu à plusieurs procès, la plupart pour diffamation.

Son rôle durant la guerre d’Algérie a toujours fait débat, entre les accusations de journalistes, d’historiens ou de descendants de victimes, et ses dénégations.

Benjamin Stora, éminent historien spécialiste de l’Algérie, est invité à donner son avis sur la question dans un podcast de France Inter consacré au fondateur du Front national.

Le podcast est intitulé « Jean-Marie Le Pen, l’obsession nationale ».

« Jean-Marie Le Pen n’a sans doute pas pratiqué la torture en Algérie », a estimé Benjamin Stora.

Des propos qui ont suscité l’incompréhension en France chez les spécialistes.

Florence Beaugé, journaliste du quotidien Le Monde qui a longtemps travaillé sur la torture pendant la guerre d’Algérie, a estimé que Jean-Marie Le Pen se retrouve blanchi et par Stora et par l’auteur du podcast (Philippe Collin), soutenant que « Le Pen a bel et bien participé – et activement ! – à la bataille d’Alger ».

Florence Beaugé avait fait parler au début des années 2000 dans le journal Le Monde de la combattante algérienne Louisette Ighilahriz qui a raconté son viol par des soldats français.

Torture pendant la guerre d’Algérie : propos inattendus de Benjamin Stora sur Le Pen

Impliqué par des témoignages recueillis par la journaliste, Le Pen avait engagé un procès contre elle et le journal, mais il a fini par être débouté.

Les historiens André Loez et Fabrice Riceputi ont aussi exprimé leur désaccord avec Benjamin Stora.

Sur la page du podcast de France Inter un rectificatif est vite apporté, remplaçant la phrase de Stora par celle-ci : « On ne peut pas prouver que Jean-Marie Le Pen a torturé en Algérie mais c’est une possibilité ».

Benjamin Stora est l’auteur d’un rapport remis en 2021 au président français Emmanuel Macron, à la demande de celui-ci, sur la « réconciliation des mémoires » de la colonisation.

Fin 2022, il a été désigné à la tête d’un panel d’historiens français qui ont la mission de travailler avec leurs homologues algériens sur la question.

Sur la question de la torture en Algérie, Jean-Marie Le Pen alterne depuis 60 ans dénégations et aveux à demi-mot.

« Nous avons torturé par ce qu’il fallait le faire », a-t-il déclaré dans une interview au journal Le Combat en 1962, indiquant même que les « criminels » sont ceux qui ont refusé d’avoir recours à ces méthodes.

En 1984, il a évoqué une obligation imposée par la hiérarchie militaire.

Lors du procès contre Le Monde en 2022, un poignard a été présenté, portant le nom de Le Pen et de son régiment de parachutistes. Il aurait été oublié par Jean-Marie Le Pen sur une scène de torture.

En septembre 2018, le président Macron a reconnu la mort du militant Maurice Audin sous la torture (en 1957) du fait d’un « système légalement institué » pendant la guerre d’Algérie.

Mercredi, il a rendu hommage à l’avocate et militante de la cause algérienne Gisèle Halimi que la moudjahida Djamila Boupacha a été torturée et violée par l’armée française pendant la guerre d’Algérie.

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