Le trafic de drogue continue d’alimenter les tensions politiques entre l’Algérie et le Maroc. Ce lundi, l’Armée nationale populaire (ANP) a violemment attaqué le régime marocain en l’accusant de chercher à déstabiliser l’Algérie et des pays voisins en utilisant ses drogues, et de protéger les narcotrafiquants.
« Le régime marocain use de tous les moyens pour faire écouler et vendre ses drogues en dehors de ses frontières, et ce en faisant fi de la sécurité et la stabilité des pays du voisinage« , dénonce l’Armée populaire nationale (ANP) dans son bilan opérationnel sur la lutte anti-criminalité, publié via l’agence officielle.
Sans ambages, l’armée algérienne a pointé « l’impunité assurée par le régime du Makhzen aux narcotrafiquants et aux réseaux de narcotrafic« , qui s’explique par « les tentatives du Makhzen à voiler ses multiples échecs économiques et pour apaiser l’ébullition sociale« .
« Le Maroc facilite l’acheminement des tonnes de drogues vers l’Algérie »
« La pauvreté prend de l’ampleur au Maroc et le chômage s’installe de plus en plus parmi les jeunes. C’est pourquoi, le régime marocain ferme les yeux sur la contrebande et le narcotrafic. De surcroit, il encourage et motive ses éléments postés sur ses frontières pour faciliter l’acheminement des tonnes de drogues vers l’Algérie« , développe l’armée algérienne dans son bilan.
Pour faire face à ces « campagnes acharnées« , l’ANP affirme qu’elle « déploie d’énormes et intenses efforts pour la sécurisation des frontières nationales et dans la lutte contre la criminalité organisée notamment les bandes de narcotrafic, à travers une stratégie globale adaptée aux méthodes des bandes de narcotrafiquants et les pays derrière elles, le Makhzen en particulier« .
« Cette stratégie s’avère efficace à travers les opérations de qualité menées dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic« , se félicite l’ANP, qui accuse « le Maroc de poursuivre sa politique visant à inonder l’Algérie avec la drogue qui est devenue une menace contre la sécurité et la stabilité nationales surtout qu’elle vise la catégorie la plus vulnérable en l’occurrence nos jeunes ».
Pour l’ANP, le régime du Makhzen « instrumentalise, donc, la drogue pour essayer de cacher ses échecs économiques et sociaux« .
« En fait, la drogue et les psychotropes constituent un business rentable et épanoui au point où ils n’ont pas été affectés économiquement par la pandémie Covid-19 qui a secoué les échanges commerciaux dans le monde. Au contraire, les bandes de narcotrafic ont multiplié récemment leurs activités« , charge encore l’ANP.
« À cause de ses immuables positions envers les causes justes dans le monde et dans la région, l’Algérie est en ligne de mire des réseaux internationaux alliés avec des pays de la région dont les intentions politiques sont sournoises, avec à leur tête le régime du Makhzen », accuse encore l’ANP.
« Ces réseaux s’efforce à atteindre l’épine dorsale de notre société que représente la jeunesse, et ce à travers l’acheminement de tous types de drogues« , dénonce l’ANP dans son bilan, selon lequel 2013,86 quintaux de kif traité ont été introduits via les frontières de l’Algérie avec le Maroc, ainsi que 6.261.775 comprimés psychotropes ont été saisis, alors que 3183 narcotrafiquants ont été arrêtés entre le 1er janvier 2017 et le 24 février 2021.
L’ANP rappelle que 486,5 quintaux de kif traité ont été saisis en 2017, 246,9 quintaux en 2018, 478,15 quintaux en 2019, 703,2 quintaux en 2020 et 99,11 quintaux depuis le début de l’année 2021. Ses éléments engagés dans la lutte contre le trafic de drogue ont arrêté 549 narcotrafiquants en 2017, 611 en 2018, 723 en 2019, 1028 en 2020 et 272 en 2021.
En 2017, 1272028 comprimés psychotropes ont été saisis, contre 509828 comprimés en 2018, 470758 comprimés en 2019, 3611868 comprimés en 2020 et 397293 comprimés psychotropes en 2021.
Le Maroc accusé d’utiliser la drogue pour déstabiliser les pays du Sahel
Pour mieux expliquer l’ampleur de l’implication du Maroc dans le trafic de drogue et la « déstabilisation » des pays du Sahel notamment, l’ANP a cité un rapport de l’Office de l’ONU pour l’année 2020 relatif aux répercussions de la pandémie Covid-19 sur le marché de drogues dans le monde. « Le Maroc demeure une zone favorite pour la production et l’exportation du cannabis« , selon ce rapport.
Le rapport de l’ONU publié en août 2020, « a mis en garde contre la poursuite, d’une façon régulière et stable, de production et d’exportation du cannabis et de haschich depuis le Maroc vers les pays du voisinage et du Sahel, ce qui contribue au financement des groupes terroristes actifs et à la déstabilisation de la région à cause de l’interconnexion qui existe entre les bandes de narcotrafic et les groupes terroristes activant dans la région où ces groupes assurent une couverture sécuritaire aux narcotrafiquants en contrepartie d’une part des rentes des opérations de narcotrafic ».
De même, le rapport de l’Observatoire européen de la drogue et de la toxicomanie, publié en juin 2020, souligne que « le Maroc est considéré comme le premier fournisseur de l’Europe en haschich et cannabis, avec un taux de 72 % du total des drogues saisies en Espagne seulement ».