Société

Traitement contre Parkinson : une lueur d’espoir pour les malades algériens

Le CHU de Blida, l’un des plus importants en Algérie, relance le traitement par la chirurgie des malades atteints de la maladie de Parkinson, une pathologie neurodégénérative qui touche de plus en plus d’Algériens du fait du vieillissement de la population.

Une situation handicapante pour les patients qui sont de plus en plus nombreux à réclamer d’être opérés afin de pouvoir reprendre une vie sociale normale.

Le CHU de Blida rejoint ainsi la liste très restreinte des hôpitaux qui traitent les malades de Parkinson par la chirurgie.

En Algérie, on compte près de 70 000 malades atteints de la maladie de Parkinson dont 2.000 nécessitent une opération chirurgicale, selon le chef de service neurologie au CHU de Blida, le Professeur Souhil Tliba.

Au CHU Frantz Fanon de Blida, le Pr en neurochirurgie Souhil Tliba, et son équipe opèrent les malades atteints de cette pathologie.

Un ordre de priorité est établi et la liste d’attente est longue. Quelles sont les conditions d’éligibilité à cette opération chirurgicale ? Comment se pratique-t-elle ? Quelle chance de retrouver une autonomie complète à la sortie du bloc opératoire ? Le Pr Souhil Tliba, répond dans un entretien avec le journaliste Ahcene Chemache.

C’est un fait indéniable. La pyramide des âges est en train de s’inverser en Algérie. « Il y a plus de deux millions d’Algériens qui ont plus de 65 ans », affirme le Professeur Tliba.

Qui dit vieillesse, dit pathologie en augmentation et la maladie de Parkinson fait partie du lot : « Nous recevons de plus en plus de patients concernés par cette pathologie en consultation, affirme le Pr Tliba. Ils sont sous traitement médicamenteux mais tous réclament de subir une opération chirurgicale ».

Parkinson : pourquoi il faut opérer en Algérie

 Mais est ce que tous les malades sont éligibles à cette opération chirurgicale et peut-on satisfaire toutes les demandes ?

Selon le Professeur Tliba, il faut avoir pris un traitement médical contre la maladie de Parkinson depuis au moins cinq ans, et avoir moins de  72 ans pour être éligible.

« Les malades qui sont âgés de plus de 72 ans ne sont pas éligibles », précise-t-il, en soulignant que l’Algérie n’a pas une grande expérience dans le traitement par la chirurgie de la maladie de Parkinson.

« Nous n’avons pas beaucoup d’expérience en Algérie. À l’hôpital de Blida où je travaille, nous avons opéré deux malades. Cette semaine, deux autres patients rentreront au bloc opératoire et six autres suivront dans les prochains jours ».

Et de souligner qu’« il faut savoir que les kits de stimulations coûtent très chers. Nous en avons reçu dix pour le moment ». « Les demandes pour ce genre d’intervention chirurgicales affluent de partout. Les patients viennent de toutes les régions du pays. : Biskra, Annaba, Skikda, Oran… La liste d’attente est très importante. Il y a environ 70 000 parkinsoniens en Algérie dont 2 000 nécessitent une opération chirurgicale », ajoute le Pr Tliba.

Au CHU de Blida, plus de 400 malades atteints de Parkinson attendent d’être opérés, mais les moyens de ce grand hôpital restent limités, sachant que ce genre d ‘opérations sont lourdes et nécessitent d’importants moyens.

« Nous avons acquis les équipements nécessaires », ajoute le Pr Tliba qui remercie le DG du CHU de Blida pour avoir franchi le pas, alors que ce genre d’opérations se faisait à l’étranger pour un coût unitaire d’au moins 50.000 euros.

La maladie de Parkinson n’est pas l’apanage des personnes âgées. « Cette pathologie touche également les moins de 50 ans. Des personnes actives qui ont une espérance de vie qui peut aller jusqu’à 80 ans et qui nécessitent d’être opérées pour être réinsérées dans la vie sociale », explique le Professeur Tliba.

Traitement d’autres maladies neurodégénératives

L’opération chirurgicale est perçue comme une planche de salut par tous les parkinsoniens. L’opération via la stimulation cérébrale profonde (SCP) est pratiquée par toute une équipe : neurologue, neurochirurgien, réanimateur, psychologue…

L’opération consiste à implanter des électrodes de stimulation dans le cerveau. « Le malade sort du bloc éveillé car il n’est pas intubé. Au bout du 10 e jour, on commence la stimulation et les réglages. Les tremblements disparaissent. C’est instantané ».

Ainsi, le suivi post-opératoire est vraiment indispensable afin de permettre les réglages des paramètres de stimulation (intensité du courant, fréquence…).

« Certains malades se rendent à l’étranger pour subir cette opération et rentrent avant le suivi post-opératoire », regrette Souhil Tliba, d’où l’intérêt de faire ce genre d’opérations en Algérie. « Le suivi opératoire dans une opération chirurgicale contre le Parkinson est extrêmement important. Quand les opérations se déroulent en Algérie, il est plus facile aux malades de faire le suivi », soutient-il.

Avec les perspectives d’une nette amélioration de leur mobilité, et d’un espoir de réinsertion dans la vie sociale, de nombreux malades atteints de la maladie de Parkinson espèrent que cet acte chirurgical pourra être généralisé dans les autres hôpitaux du pays.

En dépit de la liste d’attente des malades, la perspective de retrouver une autonomie grâce à la SCP (stimulation cérébrale profonde), telle que pratiquée par le Professeur Souhil Tliba et son équipe au CHU de Blida, résonne chez tous ces malades comme une note d’espoir.

Toutefois, cette lueur d’espoir risque de s’éteindre si les moyens venaient à manquer au CHU de Blida, alors que d’autres hôpitaux du pays doivent s’y mettre pour améliorer la prise en charge des parkinsoniens algériens.

D’autant que la technique utilisée pour opérer des malades atteints de la maladie de Parkinson peut « être utilisée pour le traitement d’autres maladies neurodégénératives comme la dystonie, Gilles de la Tourette, les dépressions profondes et les troubles obsessionnelles », précise le Pr Tliba.

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