Abderrahmane Benkhalfa lance un appel à la Banque d’Algérie et aux banques à la transparence totale sur les opérations de transferts de devises.
« J’appelle vivement la Banque d’Algérie, l’Abef (Association des banques et établissements financiers) et les banques à donner le maximum d’informations au public sur les procédures et règlements ainsi que les filtres qui rendent impossibles, avec un contrôle de changes aussi rigoureux que le nôtre, un transfert libre de millions de dollars », recommande l’ancien ministre des Finances, dans une déclaration à TSA.
L’expert financier ajoute à un appel une mise en garde contre les conséquences dévastatrices de la perte de confiance dans les institutions bancaires sur l’économie nationale. « Il y a un impératif à ce que les institutions bancaires et financières donnent le maximum d’informations parce que si le doute s’installe dans ce domaine, il peut provoquer de la non-confiance et avoir un effet extrêmement préjudiciable sur notre économie et nos finances », avertit-il.
Et d’insister : « Il faut faire très attention pendant les périodes de mouvements populaires à l’élément confiance dans notre pays. Quand des doutes s’installent ils sont difficiles à corriger par la suite ».
Selon M. Benkhalfa, le contexte national « d’expression sociale organisée et structurée », constitue une excellente opportunité pour redonner à l’économie nationale un nouveau départ. Pour cela, il estime « impératif » que des « solutions consensuelles » soient trouvées très vite, sinon le pays se dirigera inéluctablement vers l’enlisement. « Si le mouvement s’inscrit dans la durée ce sera une voie vers l’enlisement, lequel aura un impact aussi bien social qu’économique. Et le pays qui était considéré comme stabilisé sur le plan institutionnel perdra son potentiel », prévient Benkhalfa.
Si M. Benkhalfa presse les institutions financières du pays à la transparence, il ne rejoint pas ceux qui alertent sur des transferts mirobolants de capitaux par des hommes d’affaires proches du clan présidentiel, comme les Kouninef. « Les devises qui sortent de l’Algérie sont extrêmement réglementées, d’ailleurs on nous reproche souvent que les capitaux sortent difficilement de notre pays. En effet, il y a une série de filtres et de procédures que les classifications internationales nous demandent d’alléger. Et aujourd’hui on n’a pas changé de réglementation. Les mécanismes demeurent les mêmes et les transferts sont soumis à des contrôles préalables. La sorties de devises passent par une série de filtres », rappelle Benkhalfa.
De son côté, l’expert financier, Salah Abci, abonde dans le même sens. « Nous ne sommes pas dans une économie ouverte où on peut transférer de l’argent avec un simplement virement bancaire », soutient-il.
Selon lui, ce type d’opérations (transfert de devises) obéit à « un processus extrêmement complexe qui fait intervenir plusieurs acteurs et il est difficile qu’il puisse y être un transfert illégal. » « Dire qu’il y a des transferts qui se font directement à l’étranger de manière libre est à mon sens une façon de créer la polémique autour de ce qui se passe en ce moment en Algérie », relativise-t-il. « Le transfert de la devise vers l’étranger est l’une des activités les plus strictement réglementées » en Algérie, appuie-t-il.
Hier, des responsables de la Banque d’Algérie, ont assuré à l’agence officielle, qu’il n’y aucun emballement des transferts de capitaux, et affirmé qu’elle n’a enregistré aucune augmentation signification des mouvements de capitaux depuis le début de l’année 2019.