Le statut quo du marché du transport aérien en Algérie va-t-il bouger en 2025 ? Les récentes annonces des responsables du secteur laissent en tout cas entrevoir des changements notables, voire un profond chamboulement, avec notamment la probable entrée en scène d’opérateurs privés pour la première fois depuis deux décennies.
Le volume du marché algérien du transport aérien algérien ne cesse de progresser. Selon les derniers chiffres révélés par le ministre des Transports Lahbib Zahana, le 21 octobre dernier, 8,1 millions de passagers ont transité par les 36 aéroports fonctionnels du pays au premier semestre de l’année en cours. Pendant l’année 2023, le chiffre était de 15,3 millions de passagers, 8,6 millions sur les vols internationaux et 6,7 millions sur les lignes domestiques.
C’est ce secteur qui assure la majeure partie des liaisons internationales du pays, avec 65 %.
L’acteur majeur du marché est évidemment Air Algérie. La compagnie étatique a un quasi-monopole sur le transport domestique où opère une seule autre petite compagnie, Tassili Airlines, filiale de Sonatrach.
À l’international, Air Algérie a de la concurrence, mais garde la part la plus importante du marché. Malgré la présence de 5 compagnies étrangères sur le réseau Algérie-France (Air France, Transavia, Volotea, ASL et Vueling), la compagnie algérienne détient tout de même, la moitié des parts de marché sur cette destination, la plus dynamique et la plus lucrative, avec une petite part pour Tassili.
Au premier semestre de l’année en cours, Air Algérie a transporté à elle seule 3,6 millions de passagers (dont 2,4 millions sur le réseau international) à bord de plus 38.500 dessertes domestiques et internationales.
Le principal changement qui pourrait survenir pour Air Algérie est de se voir bousculée sur son pré carré par de nouvelles compagnies, non pas étrangères, mais algériennes. L’ouverture du secteur du transport aérien algérien au capital privé est sérieusement envisagée.
Selon le ministre des Transports, trois dossiers de projets de création de compagnies privées par des investisseurs algériens sont à l’étude. L’Algérie avait ouvert le secteur au privé à la fin des années 1990, mais l’expérience avait tourné court avec la faillite de Khalifa Airways et de sa maison mère, Khalifa Bank.
« Les initiateurs de ces projets sont des Algériens qui travaillent dans d’autres domaines », a précisé le ministre au cours d’un séminaire au siège d’Air Algérie samedi 2 novembre.
Transport aérien en Algérie : ce qui pourrait changer en 2025
La réouverture est réclamée pour une meilleure qualité de service et pour casser les prix qui deviennent hors de portée sur certaines lignes, notamment de et vers la France, chaque année pendant la saison estivale.
Algérie Ferries, la compagnie étatique de transport maritime, n’est déjà plus seule avec le lancement d’une nouvelle compagnie, Nouris Elbahr Ferries, qui vient d’entamer les traversées.
Les choses pourraient toutefois traîner pour le transport aérien, le ministre des Transports ayant fait part de problèmes et de financement et de dossiers incomplets concernant les trois projets évoqués.
En plaçant l’aérien dans la liste des secteurs stratégiques où le capital algérien doit être d’au moins 51 %, le gouvernement a rendu difficile l’ouverture de compagnies algériennes privées en raison des capitaux importants qui sont nécessaires pour ce genre de projets.
Mais la volonté est là, de part et d’autre. L’État est disposé à ouvrir le secteur et des opérateurs privés sont intéressés.
L’incertitude entoure uniquement la date du lancement effectif de la première compagnie aérienne algérienne à capitaux privés. En revanche, il est certain que la flotte d’Air Algérie connaîtra un coup de neuf dès 2025. Le PDG Hamza Benhamouda a confirmé samedi que les premiers des 15 avions commandés en 2023 auprès de Boeing et d’Airbus seront réceptionnés en juin 2025.
La compagnie aérienne nationale va recevoir trois avions A330-900 en 2025 et le reste arrivera en 2026. En 2027, elle va réceptionner 8 avions B 737 MAX, selon son PDG. Ces avions vont permettre à Air Algérie d’accroître son offre sur le marché international.
La compagnie algérienne avait passé commande de huit nouveaux appareils 737- Max 9 et de sept avions gros porteurs Airbus, A330-900 et A350-1000, qui viendront renforcer une flotte déjà forte d’une cinquantaine d’appareils.
Outre des projets d’extension à terme des aéroports algériens, Benhamouda a aussi évoqué la possibilité de desservir les États-Unis, ce qui pourrait être l’autre grande nouveauté en 2025.
Les négociations sont en cours pour l’ouverture d’une ligne aérienne directe entre l’Algérie et les États-Unis, a révélé en juillet dernier l’ambassadrice américaine en Algérie. « Ça me tient à cœur. J’ai toujours travaillé pour concrétiser une ligne directe entre l’Algérie et les États-Unis. Cela renforcera les liens entre les deux peuples et les échanges commerciaux », avait déclaré Elisabeth Moore Aubin.
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