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Troubles en Tunisie : le président Essebsi critique la presse étrangère

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a accusé samedi la presse étrangère d’avoir “amplifié” les faits et porté atteinte à l’image de la Tunisie lors de sa couverture des récents troubles sociaux dans le pays.

“Il y a eu de l’exagération dans la presse étrangère” et “des choses ont été amplifiées” a-t-il déclaré à l’ouverture d’une réunion avec les partis au pouvoir, le syndicat UGTT et le patronat pour discuter des moyens de sortir de la crise après des troubles alimentés par des mesures d’austérité.

“Le monde entier nous a nui”, a ajouté le président tunisien qualifiant en revanche la couverture de la presse tunisienne d'”équilibrée” et “juste”.

M. Caïd Essebsi a également accusé des “sensibilités” tunisiennes d’utiliser la presse étrangère “en croyant qu’elle est un élément influent”.

“Il y a vraiment de l’amplification et de la propagande”, a-t-il fustigé.

Les critiques du président interviennent au moment où la Tunisie enregistre une grogne sociale qui a dégénéré en émeutes de lundi à jeudi dans certaines villes après la mort d’un homme durant une manifestation à Tebourba à l’ouest de Tunis.

Vendredi, l’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières a condamné des pressions sur les journalistes après l’interpellation d’un correspondant français et d’un reporter tunisien qui couvraient les rassemblements.

Jeudi, des membres de la Garde Nationale se sont rendus au domicile de Mathieu Galtier, correspondant entre autres du quotidien français Libération, et l’ont emmené au poste afin de le questionner, a indiqué samedi le North Africa Correspondents Club (NAFCC), association de la presse étrangère en Tunisie et en Afrique du Nord.

La veille, le journaliste se trouvait à Tebourba pour couvrir la contestation et les policiers “lui ont clairement demandé de divulguer les identités et contacts des sources rencontrées sur place”, a déploré l’organisme de défense des journalistes, soulignant que cela était “contraire aux fondamentaux de la liberté de la presse”.

Le mois de janvier qui marque l’anniversaire de la chute de la dictature en 2011 à la suite d’un mouvement réclamant davantage de justice sociale et la fin de la corruption est traditionnellement une période de mobilisation sociale en Tunisie.

Le contexte est particulièrement tendu cette année en raison d’une augmentation des taxes qui ont entraîné des hausses de prix très critiquées dans un contexte économique morose.

Adopté à la fin de l’année dernière, le budget 2018 augmente notamment la TVA, les impôts sur la téléphonie ou l’immobilier et certains droits d’importation, et instaure une contribution sociale de solidarité sur les bénéfices et les salaires pour renflouer les caisses sociales.

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