Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont lancé ce samedi dans la nuit une série de frappes aériennes contre le régime du président syrien Bachar Al-Assad. Ces frappes interviennent en réponse aux attaques chimiques présumées ayant été imputées à l’armée syrienne dans la région de Douma, en Ghouta orientale.
C’est le président des États-Unis Donald Trump qui a annoncé l’opération lors d’une allocution aux alentours de 2h du matin heure d’Alger. « J’ai ordonné aux forces armées des États-Unis de lancer des frappes de précision sur des cibles associées aux capacités militaires chimiques du dictateur syrien Bachar Al-Assad », a déclaré Trump, ajoutant : « Une opération conjointe est en cours avec la France et le Royaume Uni, nous les remercions tous les deux ».
Les États-Unis ont tiré des divers types de munitions dont des missiles de croisière Tomahawk. Des bombardiers à long rayon d’action B-1 auraient aussi été engagés, le ministre de la Défense américain Jim Mattis indiquant que les forces américaines avaient employé deux fois plus de munitions que pour la frappe américaine d’avril 2017 sur la base militaire d’Al-Chaayrate, près de Homs.
Le Royaume-Uni a de son côté utilisé quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force, équipés de missiles Storm Shadow. Ils ont indiqué avoir frappé un complexe militaire, une ancienne base de missiles à 24 kilomètres à l’ouest de Homs où «le régime est supposé conserver des armes chimiques».
La France a quant à elle mobilisé plusieurs avions chasseurs Rafale, le président Macron affirmant que les frappes françaises étaient « circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques ».
103 missiles lancés, aucune victime
Les frappes occidentales ont duré une heure et ont visé trois cibles liées au programme d’armement chimique syrien, l’une près de Damas et les deux autres dans la région de Homs, a précisé le chef d’état-major américain, le général Joe Dunford, ajoutant qu’aucune perte américaine n’a été comptabilisée et que les forces occidentales avaient pris soin d’éviter de toucher les forces russes, massivement présentes dans le pays.
L’armée russe a indiqué en parallèle que les frappes menées par les États-Unis et leurs alliés contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie n’avaient, selon les informations préliminaires, fait « aucune victime » civile ou militaire. Un total de 103 missiles de croisière auraient été tirés par les trois pays occidentaux, a en outre affirmé l’armée russe, précisant que 71 d’entre eux ont été interceptées par la défense antiaérienne syrienne, équipée de systèmes de conception soviétique.
Sans surprise, la Syrie et ses alliés la Russie et l’Iran ont dénoncé « avec la plus grande fermeté » les frappes occidentales. « La Russie dénonce avec la plus grande fermeté l’attaque sur la Syrie, où des militaires russes aident le gouvernement légitime à lutter contre le terrorisme », a indiqué le Kremlin dans un communiqué publié cette nuit, annonçant que le président russe Vladimir Poutine avait convoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU « pour évoquer les actions agressives des États-Unis et de leurs alliés ».
« Par leurs actions, les États-Unis aggravent encore la catastrophe humanitaire en Syrie, apportent des souffrances à la population civile, favorisent les terroristes, qui tourmentent depuis sept ans le peuple syrien, et provoquent une nouvelle vague de réfugiés », a également estimé le Kremlin.
Pour l’ambassadeur de Russie aux États-Unis, les frappes militaires des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France ont constitué une « insulte au président russe ». « Nous avions averti que de tels actions appelleraient des conséquences. Nos mises en gardes ont été ignorées », a déclaré Anatoli Antonov.
Principale concerné, le pouvoir syrien a dénoncé une « agression barbare et brutale » des trois pays occidentaux dont l’objectif principal est « d’entraver le travail de l’équipe" de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques », a rapporté l’agence de presse syrienne Sana.
L’Iran a quant à elle condamné « fermement » les frappes occidentales, mettant en garde contre les « conséquences régionales » de ces frappes ciblées. « Les États-Unis et leurs alliés, sans aucune preuve et avant même une prise de position de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), ont mené cette action militaire (…) contre la Syrie et sont responsables des conséquences régionales de cette action aventuriste », a notamment dénoncé le porte-parole du ministère des Affaires.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a de son côté appelé dans un communiqué les Etats-membres à « faire preuve de retenue dans ces dangereuses circonstances et à éviter toute action qui pourrait conduire à une escalade et à aggraver la souffrance du peuple syrien ».
Soutien des occidentaux et de la Turquie
Quelques voix au sein de la communauté internationale se sont par ailleurs élevées pour soutenir les frappes. « Je soutiens les actions prises par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France contre les installations et capacités d’armes chimiques du régime syrien », a affirmé le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pour qui ces frappes « vont réduire la capacité du régime à mener d’autres attaques contre le peuple de Syrie avec des armes chimiques ».
L’Allemagne a également apporté son soutien aux frappes occidentales en Syrie ce samedi. « Nous soutenons le fait que nos alliés américains, britanniques et français (…) aient pris leurs responsabilités », a indiqué la chancelière allemande Angela Merkel dans un communiqué, estimant que « l’intervention militaire était nécessaire et appropriée afin de préserver l’effectivité de l’interdiction des armes chimiques et prévenir le régime syrien contre de nouvelles infractions ».
Le président du Conseil européen Donald Tusk a de son côté promis que l’Union européenne « se tiendra aux côtés de ses alliés du côté de la justice » après les frappes occidentales contre la Syrie. « Les frappes des USA, de la France et du Royaume-Uni montrent clairement que le régime syrien, avec la Russie et l’Iran, ne peut continuer cette tragédie humaine, du moins non sans coût », a estimé Tusk.
La Turquie a pour sa part « salué » l’opération militaire occidentale, « une réaction appropriée » qui « exprime la conscience de l’humanité tout entière face à l’attaque de Douma que tout porte à attribuer au régime » syrien, a affirmé le ministère des Affaires étrangères turc.