Le président américain Donald Trump a reçu, lundi 3 avril, son homologue égyptien Abdel Fatah Al Sissi. C’est la première visite à la Maison Blanche d’un président égyptien depuis Hosni Moubarak en 2009.
Arrivé au pouvoir en 2013, Al Sissi était persona non grata à la Maison Blanche. Mais c’était du temps du président démocrate Barak Obama. Avec le nouveau locataire de la Maison Blanche, on assiste à un véritable revirement.
« Nous sommes d’accord sur tant de choses », a affirmé Trump assis près d’Al Sissi devant les caméras. « Je veux faire savoir à tous, au cas où il y aurait le moindre doute, que nous soutenons le président Al Sissi. Il a fait un travail fantastique dans une situation très difficile. Nous soutenons l’Égypte et le peuple d’Égypte », a ajouté le président américain, sans aucune réserve.
En réponse, Al Sissi a fait les louanges de Trump, affirmant avoir « une profonde appréciation et admiration pour (sa) personnalité unique, en particulier relativement à (son) positionnement très fort dans le domaine du contre-terrorisme ». Le président égyptien a également promis de travailler avec les États-Unis à « contrer cette idéologie malfaisante qui prend des vies innocentes, apporte la dévastation aux communautés et aux nations et qui terrorise les innocents ».
« Le président a indiqué clairement que c’était là un jour nouveau dans la relation entre l’Égypte et les États-Unis », a déclaré Sean Spencer, secrétaire de presse de la Maison Blanche, rapporte le Washington Post. Contrairement à ses prédécesseurs, le président Trump ne s’est pas attardé sur la question de la démocratie et des droits de l’Homme en Égypte. Il a fait comprendre qu’il préférait aborder ces problèmes en privé.
Trump et Al-Sissi ont des similarités « frappantes », analyse le New York Times. Les deux hommes partagent notamment une rhétorique virulemment anti-« djihadisme » islamiste, selon le journal américain. Tous deux ont divisé l’opinion dans leur pays, et tous deux ont promis de vastes projets à leur arrivée au pouvoir : pour Al Sissi, une extension du canal de Suez, et pour Trump, un mur le long de la frontière mexicaine.
Plus concrètement, selon des officiels occidentaux au Caire cités par le New York Times, ce que cherche surtout Al Sissi, c’est le rétablissement d’un accord de financement militaire suspendu par le président Obama en 2015. Cet accord permettrait à l’Égypte d’acheter à crédit des tanks, des avions de guerre et autres équipements militaires lourds. Il permettra de satisfaire les soutiens d’Al-Sissi dans l’armée égyptienne.
Mais certains analystes s’inquiètent de ce que la répression de toute forme d’islamisme politique en Égypte risque d’alimenter une vague de radicalisation qui pourrait en définitive nuire aux États-Unis. Un soutien militaire aggraverait ce risque.
Si le président Al Sissi est arrivé à Washington avec une liste de demandes financières, sécuritaires et politiques, ce qu’il espérait surtout, analyse la presse américaine, c’est que les médias puissent relayer, comme une légitimation, son image dans le bureau ovale en compagnie du président américain.
C’est raté : une photographie a certes circulé, mais c’est avec colère que les médias égyptiens et les réseaux sociaux l’ont reçue. Sur son compte twitter, Trump a partagé une photographie le montrant assis au bureau ovale, tandis qu’autour de lui, le président Al Sissi est debout à sa droite, comme le sont les membres du staff de la Maison Blanche.