Sept ans ont passé depuis la révolution qui a renversé la dictature en Tunisie mais un réel changement se fait toujours attendre en termes de droits économiques et sociaux, a déploré mardi une ONG tunisienne.
« Les années ont passé et les citoyens sont toujours frustrés des droits pour lesquels ils s’étaient mobilisés », estime dans son rapport annuel le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Le pays a gardé « le même modèle économique, avec les mêmes problèmes » qu’avant la révolution de 2011 qui a chassé du pouvoir Zine El Abidine Ben Ali aux cris de « travail, liberté, dignité nationale », a dit à l’AFP le président du FTDES, Messaoud Romdhani. « La situation ne cesse donc d’empirer », a-t-il souligné en marge d’une conférence sur le sujet.
En dépit d’avancées démocratiques, « le chômage, la misère et les inégalités sociales et régionales se sont aggravées », avertit le FTDES, soulignant le risque d’instabilité que cela entraîne.
« On a une classe moyenne qui s’appauvrit » alors que « la classe moyenne, c’est (…) un peu comme l’amortisseur (…) contre les chocs et le chaos », a dit M. Romdhani.
Le FTDES interpelle les autorités sur « la nécessité de réviser les politiques économiques auxquelles les gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution s’attachent obstinément ».
L’économie tunisienne a été durement affectée par l’instabilité qui a suivi le soulèvement de décembre 2010-janvier 2011 et le tourisme, un secteur-clé, a souffert des attentats jihadistes majeurs qui ont frappé la Tunisie en 2015.
Le taux de croissance devrait dépasser les 2% en 2017, mais le chômage des jeunes reste très élevé, dépassant les 35% selon l’Organisation internationale du travail.
Le taux de scolarisation a lui régressé à 96%. Chaque année depuis 2011, 10.000 enfants abandonnent l’école primaire et 100.000 jeunes quittent collège ou lycée sans diplôme, souligne le FTDES, citant des chiffres officiels.
La Tunisie a contracté en mai 2016 auprès du Fonds monétaire international (FMI) un prêt d’un total de 2,9 milliards de dollars, sur lequel quelque 630 millions de dollars ont déjà été déboursés.
Le Premier ministre Youssef Chahed a présenté mardi au Parlement son projet de loi de finances pour 2018, qui laisse craindre un alourdissement des impôts pour les particuliers, déjà touchés par une inflation croissante.