L’ex-garde du corps présumé d’Oussama Ben Laden, dont l’expulsion suscite une controverse en Allemagne où il résidait, est en détention préventive en Tunisie où il fait l’objet d’une enquête, a indiqué samedi à l’AFP Sofiène Sliti, porte-parole du Pôle antiterroriste.
Ce Tunisien présenté comme Sami A. par les autorités allemandes et comme Sami Idoudi par la Tunisie, a été expulsé vendredi par Berlin.
Mais un tribunal allemand a ensuite ordonné son renvoi en Allemagne jugeant que la reconduite menée par les autorités allemandes était “totalement illégale” et qu’elle violait les “principes fondamentaux de l’Etat de droit”.
“Nous n’avons reçu aucune demande officielle écrite (…) pour son renvoi”, s’est borné à déclarer M. Sliti samedi sans être en mesure de donner de précisions sur la question d’un éventuel retour en Allemagne.
Il a en revanche souligné que l’homme est “recherché par les autorités tunisiennes depuis juin 2018 pour soupçon d’implications dans des activités extrémistes en Allemagne et fait l’objet d’une enquête du pôle antiterroriste”.
Pour M. Sliti, “c’est à la justice de la Tunisie, un pays souverain, de poursuivre Idoudi”.
“L’article 83 de la loi antiterroriste autorise à poursuivre tout Tunisien ayant commis un crime terroriste à l’étranger”, a-t-il encore ajouté.
Marié et père de famille, cet homme vivait depuis 2005 à Bochum, dans l’ouest de l’Allemagne. En avril, il avait été classé comme personne dangereuse par les autorités régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie.
En 2015, une cour de justice allemande avait jugé que Sami A. avait soutenu Al-Qaïda et participé à la fin des années 1990 à un entraînement militaire dans un camp de l’organisation en Afghanistan.
Selon M. Sliti, il a suivi “des entraînements en Afghanistan et c’est (l’ancien) garde corps de Oussama ben Laden”, tué en 2011 par les Américains.
L’intéressé avait nié ces affirmations, assurant avoir suivi une formation religieuse au Pakistan durant cette période.
L’Office allemand des migrations avait levé fin juin une interdiction d’expulsion à son encontre, rendant ainsi son renvoi vers la Tunisie possible. Mais ce dernier avait déposé un recours en justice contre cette décision.
Un tribunal de Gelsenkirchen, dans l’ouest de l’Allemagne, avait ordonné jeudi soir en référé qu’il ne soit pas expulsé en attendant l’examen approfondi de son dossier.
Mais selon un porte-parole de la Cour interrogé par l’agence de presse allemande DPA, le tribunal n’a informé les autorités allemandes que vendredi matin par fax de cette décision et l’avion dans lequel était expulsé le Tunisien était déjà parti vers son pays d’origine.