Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a lancé dimanche le débat sur le sujet délicat de l’égalité entre femmes et hommes en matière d’héritage, jugeant que son pays se dirigeait inexorablement vers l’égalité « dans tous les domaines ».
« Nous avons une Constitution (stipulant) que l’Etat est civil, mais tout le monde sait que notre peuple est musulman (…) et nous ne voulons pas aller dans des réformes qui choqueraient le peuple tunisien« , a dit M. Essebsi dans un discours devant le gouvernement et un parterre d’invités.
« Mais il faut que nous disions que nous allons vers l’égalité entre eux (hommes et femmes, ndlr) dans tous les domaines. Et toute la question réside dans l’héritage« , a-t-il ajouté.
Le président a annoncé avoir formé une commission chargée d’étudier « la question des libertés individuelles » et de « l’égalité dans tous les domaines », qui doit lui remettre un rapport à une date qui n’a pas été spécifiée.
« J’ai confiance dans l’intelligence des Tunisiens et dans les hommes de loi. Nous allons trouver la formulation qui ne choquera pas les sentiments d’un certain nombre de citoyens et de citoyennes et qui fera en sorte qu’il n’y ait pas d’injustice » à l’égard des femmes, a-t-il affirmé.
M. Caïd Essebsi a aussi annoncé avoir demandé au gouvernement de retirer une circulaire datant de 1973 et empêchant le mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans.
Des organisations de la société civile ont ces derniers mois lancé une campagne sur cette question, et une plainte a été déposée auprès du Tribunal administratif pour annuler la circulaire.
La question de l’égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage reste une question très sensible en Tunisie.
L’an dernier, un député devenu aujourd’hui ministre, Mehdi Ben Gharbia, avait présenté une proposition de loi visant à faciliter l’égalité en matière d’héritage.
Le mufti de la République, la plus haute autorité religieuse musulmane du pays, s’y était aussitôt opposé.