La décision de reporter sine die les premières municipales de l’après-révolution constitue “un pas en arrière” dans le processus démocratique en Tunisie, ont déploré mardi des ONG.
Attendu de longue date, ce scrutin avait été fixé au 17 décembre prochain, soit sept ans après le début de la révolte ayant conduit à la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali un mois plus tard.
Son report a toutefois été annoncé lundi soir par l’Instance électorale (Isie) après une réunion avec des représentants des partis, du Parlement, de la présidence et du gouvernement, qui ne sont en outre pas parvenus à fixer une nouvelle date.
“Nous dénonçons le report des municipales (…) et nous le considérons comme un pas en arrière dans le processus de la transition démocratique”, ont écrit dans un communiqué commun quatre ONG dont Al Bawsala, qui supervise le travail législative depuis la révolution, et l’Association tunisienne pour la transparence et la démocratie des élections (Atide).
Selon ces ONG, ce report va “dégrader davantage la situation des municipalités que les délégations spéciales ne sont plus capables de gérer”.
Dans la foulée du soulèvement de 2011, les municipalités avaient été dissoutes et remplacées par des équipes provisoires –des “délégations spéciales”–. La gestion des villes est devenue défaillante, le ramassage des ordures aléatoire, les infrastructures déficientes.
Outre l’amélioration des conditions de vie quotidiennes, les municipales doivent, avec ses milliers d’élus, permettre d’ancrer le processus démocratique à l’échelon local après le succès des législatives et de la présidentielle en 2014.
Depuis le lancement d’une campagne d’inscriptions en juin, l’Isie avait enregistré plus de 500.000 nouveaux votants, sur trois millions de nouveaux électeurs potentiels. Au total, plus de cinq millions de Tunisiens doivent élire les responsables de 350 municipalités, sur la base d’un scrutin proportionnel à un tour.
“Aujourd’hui que les dés sont jetés, on se demande combien va coûter à l’Etat l’opération de report des municipales”, surtout quand “on sait que les 2.500 agents d’inscription (…) ont représenté pour la trésorerie publique la somme de cinq million de dinars (1,7 million d’euros), pour un résultat très modeste”, a déploré mardi le quotidien La Presse.