La question de la normalisation des relations avec Israël fait de nouveau l’actualité en Tunisie. Cette fois, c’est un « sourire » échangé entre la Première ministre Najla Bouden et le président israélien Isaac Herzog qui a déclenché la controverse.
C’était à Charm El Cheikh (Égypte), à l’occasion de la tenue de la conférence mondiale sur le climat (COP27). Les deux responsables ont échangé quelques mots, et surtout des sourires captés par les caméras.
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Si certains, comme l’avocat tunisien Taoufik Ouanes, y ont vu un geste de « courtoisie » et de « discernement politique », d’autres ont vite crié à des velléités de normalisation, comme ils l’ont fait à plusieurs reprises ces derniers mois.
Plusieurs États arabes ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, sous l’égide du président américain de l’époque, Donald Trump. Depuis, diverses sources annonçaient régulièrement que d’autres pays de la région allaient emboîter le pas au Maroc, Soudan, Bahreïn et Emirats arabes unis. La Tunisie est souvent citée comme l’un des prochains pays arabes « sur la liste ».
D’où les tempêtes qui se déclenchent à Tunis à chaque rumeur sur la question ou geste d’un responsable susceptible d’être interprété comme une bienveillance vis-à-vis d’Israël, comme celui de Charm El Cheikh.
Pourtant, les déclarations officielles tunisiennes sur la question, notamment celles du président Kais Saïed, sont sans équivoque et réitérées avec toute la clarté qu’il faut à chaque fois que de besoin.
« Trahison suprême » ou encore « injustice du siècle », sont par exemple les qualificatifs utilisés par Saied à propos des accords de normalisation de 2020.
« Ce n’est pas une situation normale pour un être humain de vivre sous l’Occupation, et il n’est pas normal que vous ayez des relations avec l’occupant », a-t-il déclaré en mai 2021 dans un entretien accordé à France 24.
Un diplomate suspendu
En juin dernier, le ministère des Affaires étrangères avait indiqué que la Tunisie n’était « pas intéressée par l’établissement de relations avec l’entité occupante » et qu’elle « demeurera un appui officiel et populaire » aux Palestiniens.
Le ministère tunisien réagissait à des informations de la presse étrangère indiquant que ce sont uniquement les pressions de l’Algérie qui empêchaient le président Saied de franchir le pas de la normalisation avec Israël.
N’empêche que les soupçons de « velléités de normalisation » reviennent régulièrement. Comme après ces « sourires » échangés à Charm El Cheikh.
Les démentis solennels ne suffisant visiblement pas, le ministère tunisien des Affaires étrangères a dû suspendre un diplomate qui a défendu publiquement le geste de la Première ministre.
Ibrahim Rezgui, responsable du syndicat des diplomates tunisiens, a été suspendu par sa hiérarchie, rapporte le journal londonien Al Quds Al Arabi. Il aurait expliqué publiquement que le geste de Najla Bouden ne peut pas s’apparenter à une normalisation, rappelant que des ministres tunisiens, dont celui de la Défense, ont rencontré par le passé des responsables israéliens et que la Tunisie, du temps du président Ben Ali, avait ouvert un bureau de liaison avec Israël.