La présidence de la République tunisienne a annoncé vendredi la prolongation jusqu’au 4 février de l’état d’urgence, en vigueur dans le pays depuis une série d’attaques jihadistes sanglantes en 2015.
Le chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi « a décidé de prolonger l’état d’urgence d’un mois à compter du 6 janvier jusqu’au 4 février, à la suite de concertations avec le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée des représentants du peuple », a-t-elle indiqué dans un bref communiqué.
« Cette prolongation serait probablement la dernière en attendant l’adoption par le Parlement d’un projet de loi réglementant l’état d’urgence », a ajouté, sous couvert de l’anonymat, un responsable à la présidence de la République.
L’état d’urgence est appliqué jusqu’à ce jour selon un décret datant de 1978, depuis l’ère du premier président de la Tunisie, Habib Bourguiba (1956-1987).
Cette nouvelle prolongation intervient le lendemain d’une opération sécuritaire antiterroriste dans le centre-ouest du pays et dans laquelle deux jihadistes présumés retranchés dans une maison à Jelma dans la région de Sidi Bouzid, ont été tués.
Fin décembre, des heurts nocturnes avaient été enregistrés dans plusieurs villes notamment au centre-ouest défavorisé du pays après l’immolation par le feu d’un journaliste voulant dénoncer les inégalités dans un pays englué dans le marasme économique malgré les acquis démocratiques de la révolution de 2011.
L’état d’urgence avait été réinstauré le 24 novembre 2015, au soir de l’attentat perpétré en plein Tunis contre un bus de la sécurité présidentielle (12 agents tués) et revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
L’année 2015 avait été aussi marquée par deux autres attentats sanglants de l’EI contre des touristes au musée de Bardo à Tunis et dans une zone touristique de Sousse (est) qui avaient fait au total 60 morts (59 touristes et un policier).
Régulièrement reconduit depuis ces attentats, l’état d’urgence octroie des pouvoirs d’exception aux forces de l’ordre. Il permet notamment l’interdiction des grèves et des réunions « de nature à provoquer (…) le désordre » ou encore l’adoption de mesures « pour assurer le contrôle de la presse ».
Ce qui inquiète des observateurs notamment au vue de l’instabilité politique actuelle à l’approche des élections présidentielle et législatives prévues en 2019.