Les principaux dirigeants politiques tunisiens, mais aussi des responsables syndicaux et du patronat, participent lundi à une réunion au palais présidentiel, au lendemain d’une interview controversée du chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi proposant la démission du Premier ministre.
Cette rencontre intervient dans un contexte tendu, le parti présidentiel Nidaa Tounès –dont est aussi issu le Premier ministre– et la principale centrale syndicale UGTT réclamant depuis des mois le départ du chef de gouvernement Youssef Chahed, en arguant des difficultés économiques du pays.
Le président a lui-même évoqué la piste d’une démission de M. Chahed, dans un entretien diffusé dimanche soir par une chaîne TV qui a suscité une controverse.
“Le chef du gouvernement doit démissionner ou aller devant le Parlement” pour que ce dernier lui renouvelle la confiance, a dit M. Caïd Essebsi dans cet entretien diffusé par la chaîne privée Nessma TV puis publié sur la page officielle de la présidence.
Mais deux autres médias privés, la chaîne Al Hiwar Ettounsi et la radio Mosaïque FM –dont un journaliste était présent lors de l’interview– ont eux refusé de la diffuser, en accusant Nessma TV de leur avoir transmis une version tronquée de l’entretien.
La Haica, instance chargée de réguler le secteur audiovisuel, s’est jointe aux critiques, son président jugeant “aberrant” que le chef de l’Etat “réserve une déclaration, dans un contexte particulièrement important et grave, à une télévision hors la loi”.
En juin, la Haica avait accusé la direction de Nessma TV d’utiliser sa télévision pour “soutenir des acteurs politiques” et pour “se positionner afin d’influencer les organes de l’Etat”.
Depuis deux mois, les débats politiques sur Nessma insistent principalement sur ce qui est qualifié d'”‘échec” du gouvernement de Youssef Chahed et sur “la nécessité” de son départ pour sortir de la crise politique.
L’un des plus chauds partisans d’un départ du chef du gouvernement est le numéro un du parti Nidaa Tounès, Hafedh Caïd Essebsi, fils du chef de l’Etat et à qui la presse prête des ambitions pour la présidentielle de 2019.