Le ministre tunisien des Droits de l’Homme, Mehdi Ben Gharbia, a annoncé samedi sa démission tout en affirmant son soutien au chef du gouvernement et dénonçant les appels persistants au départ du Premier ministre Youssef Chahed.
« J’ai rencontré le chef du gouvernement et je lui ai présenté ma démission », a précisé le ministre chargé aussi des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, dans une vidéo publiée sur sa page officielle.
Le service de communication de la présidence du gouvernement a confirmé à l’AFP que cette démission avait été acceptée.
« Depuis des mois, et alors que les discussions (politiques) devraient porter sur les réformes (…), on ne parle que de changement de gouvernement, comme si tous les problèmes du pays venaient du chef du gouvernement, le 7e depuis 2011. Malheureusement cela n’est pas sérieux et c’est inutile pour le pays. C’est du gâchis! », a déploré M. Ben Gharbia.
Depuis trois mois, des partis politiques dont une branche du parti présidentiel Nidaa Tounès, et la puissante centrale syndicale l’UGTT, réclament le départ de M. Chahed, en arguant des difficultés économiques du pays.
L’un des partisans les plus vocaux d’un départ du chef du gouvernement est le numéro un du parti Nidaa Tounès dont il est issu, Hafedh Caïd Essebsi, fils du chef de l’Etat à qui la presse prête des ambitions pour la présidence.
Pour M. Ben Gharbia, sa démission va lui permettre de « s’exprimer librement », de défendre ses « convictions » et ses « positions » et aussi de continuer à « soutenir le gouvernement sans être sous le devoir de réserve imposé aux membres du gouvernement ».
Youssef Chahed, 42 ans, a été nommé en août 2016 à la tête d’un gouvernement d’union nationale. Il est également soutenu par le parti islamiste Ennahdha, partenaire de la coalition gouvernementale.
Sept ans après la révolution, la Tunisie a vu un retour de la croissance en 2017 après des années de marasme. Mais elle peine à apaiser un climat politique et social tendu, alimenté par des tiraillements politiques, une inflation qui s’amplifie (8% attendus en 2018) et un chômage persistant autour des 15%. Le FMI s’attend à une croissance d’environ 2,4% en 2018.