Femmes en filigrane, portraits calligraphiés, céramiques aux replis presque vivants: des dizaines d’artistes tunisiens exposent jusqu’à dimanche au cœur de Tunis des œuvres habituellement confinées aux galeries, première tentative d’ouvrir le marché de l’art contemporain en Tunisie.
« Un endroit comme ça en Tunisie, ça n’existait pas », souligne mercredi auprès de l’AFP Sabrine Chaouch, plasticienne exposant à ces premières Journées de l’art contemporain de Carthage (JACC).
« Le fait d’avoir bossé pendant des années, et d’y arriver enfin, c’est (…) réellement une très belle satisfaction », ajoute la jeune artiste, très émue d’avoir trouvé dès le premier soir un acheteur potentiel pour l’une de ses toiles chatoyantes, et reçu plusieurs propositions d’exposition.
« C’est peut être une ouverture vers l’international, on peut être vu par d’autres galeries, des gens de l’étranger », espère-t-elle.
Une centaine d’artistes et 17 galeries, pour moitié tunisiennes et moitié venues d’autres pays de la région dont la Libye, ont exposé près de 200 oeuvres lors de ces trois Journées de l’art contemporain, sous la coupole de la toute nouvelle Cité de la Culture.
Peintures grand format aux couleurs souvent vives, sculptures dépouillées, installations ou photos interrogent la tradition, la place des femmes ou la notion de la liberté, dans un pays où la transition économique peine à suivre la transition démocratique, sept ans après une révolution ayant mené à la chute de la dictature de Ben Ali.
« Jusque là, l’art contemporain manque de tout, nous n’avons pas de musée et le marché reste limité », a expliqué jeudi Khaled Ben Slimane, un céramiste tunisien exposant régulièrement à l’étranger. « Cet évènement reflète un bon panorama de la création en Tunisie, c’est un premier pas pour faire venir un public plus large ».
« On attendait cela depuis des années, c’est un premier pas, reste à le faire connaître », a renchéri la galériste Synda Ben Khelil Bouchrara.
Les Journées de l’art contemporain, accompagnées de conférences sur le marché de l’art, ont été précédées d’évènements régionaux pendant l’été, visant à repérer, faire connaître et accompagner des artistes à travers le pays.
« Nous avons toutes les chances » que cette foire acquière une « reconnaissance internationale », a déclaré à l’AFP lors de l’inauguration le ministre tunisien des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, souhaitant que « le marché de l’art contemporain puisse bénéficier aux artistes », et que le rendez-vous, appelé à devenir annuel, soit « un catalyseur pour mieux faire ».