L’ordre tunisien des médecins a exprimé sa « profonde inquiétude » face à une « pénurie » de médicaments et dénoncé la « lenteur » des autorités à résoudre ce problème, alors qu’une administration a évoqué lundi une simple « perturbation ».
De nombreux Tunisiens ont exprimé ces dernières semaines leur colère sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux au sujet du manque de certains médicaments dans le pays.
Le Conseil national de l’ordre des médecins a exprimé dimanche dans un communiqué « sa profonde inquiétude concernant la pénurie de médicaments qui perdure depuis plusieurs mois ».
« Ces ruptures d’approvisionnement, en particulier de médicaments essentiels (…), risquent d’engendrer des conséquences particulièrement néfastes sur la qualité de l’offre de soins », a ajouté le Conseil qui « tire la sonnette d’alarme » et s' »insurge contre la lenteur des autorités à apporter des solutions (…) à cette pénurie ».
Interrogé lundi par l’AFP, le PDG de la Pharmacie centrale de Tunisie, l’administration qui assure la régularité de l’approvisionnement du pays en produits pharmaceutiques, a nié l’existence d’une pénurie.
« Pénurie? Pas du tout! », a affirmé Aymen Mekki. Selon lui, il y a simplement « une perturbation dans quelques références (de médicaments) importées par des laboratoires étrangers qui n’ont pas été payés ».
« Mais nous disposons d’un stock de médicaments stratégiques », a-t-il assuré.
Le « non paiement de ces laboratoires qui ont décidé de minimiser leur livraison » s’explique par les difficultés financières des caisses de sécurité sociale et de la Pharmacie centrale, a indiqué M. Mekki, qui a reconnu que la « perturbation » s’était « amplifiée ces dernières semaines, (à cause d’) une période de tiraillements (politiques) dans le pays ».
Samedi, l’Association tunisienne de chirurgie thoracique, cardiaque et vasculaire avait pourtant annoncé qu’un produit indispensable dans les chirurgies à cœur ouvert, le sulfate de protamine, était « manquant ».
Mais Aymen Mekki a assuré lundi que ce produit « était disponible dans trois hôpitaux publics » et que la Pharmacie centrale « n’avait reçu aucune réclamation de la part du secteur privé ».
En fin de semaine dernière, le ministre de la Santé Imed Hammami avait affirmé que les médicaments étaient disponibles en Tunisie.
« Quand j’envoie mon chauffeur (…), il me trouve mon médicament dans la première pharmacie qu’il croise », avait-il dit sur une radio privée.
Il avait ensuite été l’objet de moqueries sur les réseaux sociaux, où certains internautes lui avaient demandé le numéro de téléphone de son chauffeur afin de leur trouver des médicaments.