Dans la guerre qu’elle mène contre Gaza depuis les attaques du Hamas le 7 octobre dernier, Israël utilise aussi l’arme du mensonge. Le cas de l’hôpital Al Shifa dans l’enclave palestinienne est édifiant.
Parallèlement aux bombardements que mène son armée sur l’enclave palestinienne depuis un mois et demi, Israël intensifie sa propagande pour altérer les faits.
Le dernier épisode en date de cette campagne de mensonges est la prétendue découverte de tunnels utilisés par les combattants du Hamas, sous le plus grand complexe hospitalier de l’enclave palestinienne.
Le complexe Al Shifa a été bombardé pendant plusieurs jours avant d’être pris d’assaut par les soldats israéliens. L’OMS, l’a qualifié de « zone de mort » à cause du nombre considérable de victimes et de la situation humanitaire qu’une commission de l’organisation onusienne a constatée sur place.
L’opération contre l’hôpital Al Shifa a été déclenchée il y a plus de dix jours. L’armée israélienne a d’abord procédé à des bombardements aériens.
Devant les dénonciations des organisations humanitaires internationales, le gouvernement israélien a nié dans un premier temps le ciblage de l’hôpital par son armée, avant de le reconnaître implicitement en offrant sa contribution pour la mise en place d’un corridor humanitaire afin d’évacuer les malades et les civils qui y ont trouvé refuge.
Les soldats israéliens ont fini par pénétrer dans l’enceinte de l’infrastructure sanitaire. Pour couvrir le crime, leur gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou a préparé un autre gros mensonge. Les médias israéliens ont montré des images de tunnels sous l’hôpital, qui ne peuvent être que ceux utilisés par les combattants du Hamas.
Israël a bâti toute sa stratégie pour justifier le bombardement de bâtiments occupés par des civils, dans une zone qui a l’une des plus fortes densités au monde, sur un très gros mensonge avec lequel les influenceurs israéliens ont tenté de convaincre l’opinion publique occidental : le Hamas utilise les civils comme des boucliers humains en installant ses bases dans des tunnels creusés sous les immeubles habités.
Les morts palestiniens, au nombre de plus de 13.000 dont près de 6.000 enfants, passent dès lors pour des victimes collatérales inévitables pour déloger les « terroristes » de leurs tunnels.
Tunnels sur l’hôpital Al Shifa à Gaza : Ehud Barak dément la version d’Israël
Les images de tunnels sous un hôpital sont destinées à accréditer les thèses israéliennes, soutenues par les gouvernements des pays occidentaux.
Mais l’allégation a été démentie par une personne qu’on ne peut soupçonner de légèreté, encore moins de sympathie pour les Palestiniens : l’ex-Premier ministre d’Israël et ancien chef de son armée, Ehud Barak.
Sur CNN, Ehud Barak a surpris le monde entier en révélant que les tunnels sous l’hôpital Al Shifa ne sont pas l’œuvre du Hamas et qu’ils étaient bien là avant la prise du contrôle de l’enclave par le mouvement islamiste en 2006.
Amanpour: "When you say [the bunker under al-Shifa] was built by Israeli engineers, did you misspeak?
Ehud Barak: « No, decades ago, we were running the place… we helped them to build these bunkers. »
Amanpour: « Ok. That's sort of thrown me a little bit. »pic.twitter.com/CTYfMij2V0— Mehdi Hasan (@mehdirhasan) November 21, 2023
L’animatrice américaine n’en croit pas ses oreilles et relance l’ancien Premier ministre : « Lorsque vous dites que le bunker sous al-Shifa a été construit par des ingénieurs israéliens, avez-vous mal parlé ? »
« Non, répond Ehud Barak, il y a des décennies, nous gérions les lieux. Nous les avons aidés à construire ces bunkers. » La journaliste de CNN n’a plus qu’à reconnaître que cette révélation l’a « déstabilisée ».
Si de tels propos ont pu passer sur une chaîne américaine de grande audience, c’est sans doute parce que Ehud Barak était interviewé en direct. Cependant, l’aveu est relégué au rang d’événement secondaire dans les principaux médias occidentaux.
La complicité dont est accablé l’Occident depuis le début de la guerre se manifeste aussi par une grande facilité à « croire » et à relayer les contre-vérités du gouvernement israélien.
Lorsque 500 personnes ont été tuées le 17 octobre dans le bombardement de l’hôpital Al Ahli, il avait suffi à Israël d’évoquer un tir raté du Djihad Islamique pour se voir disculpé.
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