La livre turque a perdu plus de 3,5% de sa valeur face au dollar mercredi matin, battant de nouveaux records, l’absence d’action de la Banque centrale turque ajoutant à la nervosité des marchés.

La livre turque s’échangeait à 4,84 TRY face au dollar vers 10H30 GMT après avoir frôlé les 5 TRY pour le billet vert (4,92) avant de se ressaisir légèrement.

Elle a ainsi perdu 3,6% de sa valeur mercredi, plus de 19% depuis un mois, et plus de 35% en un an.

C’est la pire performance pour la monnaie d’un pays émergent, rappelant la crise du peso argentin.

La devise turque dévisse depuis plusieurs semaines, les économistes mettant en garde contre un risque de surchauffe de l’économie, au moment où le pays connaît une croissance très élevée, une inflation galopante et un large déficit de ses comptes courants.

Cette dépréciation vertigineuse de la livre risque des jouer des tours au président Recep Tayyip Erdogan et son parti, l’AKP, lors des élections générales anticipées prévues le 24 juin. Les succès économiques lors de la décennie écoulée du gouvernement issu de l’AKP ont en effet longtemps été l’un des piliers de la popularité de M. Erdogan.

Des experts économiques appellent la Banque centrale à prendre des mesures, notamment en relevant ses taux d’intérêts.

Mais le président Erdogan s’oppose fermement à cette idée et il a laissé entendre la semaine dernière qu’il souhaite peser davantage sur la politique monétaire de son pays en cas de réélection le 24 juin.

La livre turque s’effondre depuis, battant des records à la baisse face au dollar et à l’euro quasiment chaque jour.

La Banque centrale doit se réunir le 7 juin pour discuter d’une éventuelle hausse de ses taux d’intérêts, mais certains économistes l’appellent à se réunir en urgence plus tôt.

“Il est très probable qu’ils vont agir”, affirme William Jackson, spécialiste des marchés émergents à Capital Economics à Londres, estimant que la Banque centrale doit augmenter de 200 à 300 points de bases ses taux pour soutenir la lira.

“La monnaie est en chute libre”, renchérit Jameel Ahmad, analyste chez FXTM, jugeant que les déclarations de M. Erdogan sur la politique monétaire étaient le “catalyseur” de cette dégringolade.