Un tribunal d’Istanbul a ordonné mercredi la remise en liberté conditionnelle du président d’Amnesty International en Turquie Taner Kiliç, jugé pour appartenance à une organisation « terroriste », a indiqué l’ONG.
Le tribunal « a ordonné sa remise en liberté conditionnelle aujourd’hui (…) Nous espérons qu’il sortira de prison dans les heures qui viennent », a déclaré à l’AFP Andrew Gardner, chercheur spécialiste de la Turquie à Amnesty, basé à Istanbul.
La prudence restait toutefois de mise au sein de l’ONG, car un tribunal avait déjà ordonné fin janvier la libération de M. Kiliç, avant qu’une autre cour n’annule cette décision. M. Kiliç était resté derrière les barreaux après cet imbroglio judiciaire. « Nous restons prudents. Nous ferons la fête une fois qu’il sera dehors », a ainsi indiqué M. Gardner.
Cette nouvelle décision du tribunal était inattendue et survient au lendemain d’un développement tout aussi soudain dans une autre affaire judiciaire : un tribunal a libéré mardi soir deux soldats grecs détenus depuis mars. La libération de ces militaires a fait souffler un vent d’optimisme sur les marchés turcs qui espèrent désormais une amélioration des rapports avec l’Europe, aidant la livre turque, qui s’est effondrée la semaine dernière sur fond de crise entre Ankara et Washington, à reprendre des couleurs mercredi.
Ecroué depuis plus d’un an, M. Kiliç, un avocat de formation, est accusé par les autorités turques d’appartenir au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du putsch manqué de l’été 2016, ce qu’il nie fermement. Le procès de M. Kiliç a renforcé l’inquiétude des organisations de défense des droits de l’Homme quant à l’érosion des libertés en Turquie depuis la tentative de putsch.
Après la mise en échec du coup de force militaire, le gouvernement turc a lancé des purges massives qui ont conduit à l’incarcération de dizaines de milliers de personnes, dont des journalistes critiques et des acteurs de la société civile.