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Turquie – USA : retour sur des relations glaciales depuis la réélection d’Erdogan

Les relations entre Washington et Ankara, pourtant alliés au sein de l’Otan, traversent depuis deux ans des phases de vives tensions, mais celles-ci se sont nettement accrues depuis la réélection du président turc Recep Tayyip Erdogan en juin.

Les deux pays sont en désaccord notamment sur le dossier syrien et le sort du prédicateur turc Fethullah Gülen exilé en Amérique, dont Ankara réclame l’extradition pour son implication présumée dans le putsch avorté de juillet 2016.

Réélection accueillie froidement

Le 24 juin, Recep Tayyip Erdogan remporte la présidentielle dès le premier tour avec 52,6% des voix. Sa victoire assoit encore son pouvoir, le scrutin marquant le passage du système parlementaire à un régime présidentiel où le chef de l’Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif.

“Nous encourageons la Turquie à prendre des mesures afin de renforcer la démocratie”, affirme le lendemain la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders. “Nous tentons d’organiser un appel téléphonique” entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan “pour réaffirmer la force de notre lien”, ajoute-t-elle. Le département d’Etat se contente d’affirmer “respecter” le résultat.

« Honte totale »

Le 18 juillet, un tribunal turc ordonne le maintien en détention préventive du pasteur américain Andrew Brunson, jugé pour “terrorisme”. “C’est une honte totale que la Turquie ne veuille pas libérer un pasteur américain respecté”, réagit Donald Trump.

Ankara accuse M. Brunson, détenu depuis octobre 2016, d’avoir agi pour le compte du réseau de M. Gülen, mais aussi pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée “terroriste” par la Turquie et les Etats-Unis. Installé en Turquie depuis une vingtaine d’années, le pasteur est aussi accusé d’espionnage à des fins politiques ou militaires. Il dément toutes ces accusations.

Le 20, Washington répète son refus de lier la libération du pasteur américain à l’extradition de M. Gülen, alors que M. Erdogan a suggéré un échange entre les deux hommes en septembre dernier.

Le 25 juillet, la Turquie place Andrew Brunson en résidence surveillée. “Nous saluons l’annonce (…), mais ce n’est pas assez”, lance le secrétaire d’Etat Mike Pompeo.

Le lendemain, Donald Trump annonce d’« importantes sanctions » contre la Turquie si elle ne libère pas “immédiatement” le pasteur. M. Erdogan accuse Washington quelques jours plus tard de “mentalité évangéliste et sioniste”.

Sanctions

Le 1er août, Les Etats-Unis annoncent des sanctions contre les ministres turcs de l’Intérieur et de la Justice, qu’ils accusent d’avoir joué un rôle majeur dans l’arrestation et la détention du pasteur.

Le 4 août, M. Erdogan demande le gel en Turquie des avoirs des “ministres” américains de la Justice et de l’Intérieur.

Il était toutefois peu clair si le président turc faisait référence au ministre de l’Intérieur, Ryan Zinke, essentiellement chargé des Parcs nationaux et des affaires indiennes, ou de la ministre de la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen.

« Guerre économique »

Le 10 août, le président américain annonce la hausse des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs, désormais de 50% et 20% respectivement, notant que les relations entre les deux pays ne sont “pas bonnes en ce moment”.

La livre turque connaît une chute brutale, perdant en un jour quelque 16% de sa valeur face au dollar.

Le président Erdogan affirme qu’il sortira vainqueur de cette “guerre économique”. Il appelle ses concitoyens à la “lutte nationale” en échangeant leurs devises étrangères pour soutenir leur monnaie.

Recherche de « nouveaux alliés »

Le 11 août, M. Erdogan prévient la Maison Blanche qu’il va se tourner vers de “nouveaux alliés” si elle continue de lui “manquer de respect”. “Il est mauvais d’oser mettre la Turquie à genoux avec des menaces concernant un pasteur (…)”. “Honte à vous, honte à vous. Vous échangez votre partenaire stratégique de l’Otan pour un prêtre”.

“S’ils ont le dollar, nous avons Allah”, dit M. Erdogan, appelant les Turcs à ne pas s’affoler et surtout à convertir leurs réserves cachées en or ou en devises étrangères en livres turques afin de soutenir la monnaie nationale.

« Complot »

Le 12 août, M. Erdogan estime que la chute de la livre turque résulte d’un “complot politique”. “Nous affrontons de nouveau un complot politique en sous-main. Avec l’aide de Dieu, nous surmonterons cela”, lance-t-il.

Le 13 août, il accuse les Etats-Unis de chercher à frapper la Turquie “dans le dos”.

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