L’ambassadeur de France auprès de l’UE a claqué la porte d’une réunion à Bruxelles pour protester contre l’absence d’interprétation prévue lors de futurs débats budgétaires, qui conduit généralement à un usage exclusif de l’anglais, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
L’incident a eu lieu mercredi lors d’une réunion entre ambassadeurs des 28 au sein du Conseil de l’UE, au moment d’évoquer les modalités d’un futur groupe d’experts des Etats membres sur les budgets européens post-Brexit, l’un des dossiers les plus épineux des mois à venir à Bruxelles.
La Représentation permanente de la France auprès de l’UE a confirmé à l’AFP que Philippe Léglise-Costa avait quitté une réunion pour manifester son mécontentement lié à une question de “régime linguistique”, comme l’a rapporté le site Politico, mais sans faire davantage de commentaires.
“Il ne s’agit pas d’une mise en scène orchestrée, mais d’une manière de marquer le coup face à un débat mal orienté par le secrétariat du Conseil, avec des méthodes qu’il fallait refuser”, a expliqué une source diplomatique française.
“Sur un sujet aussi sérieux que le prochain cadre financier pluriannuel (CFP), il faut qu’il y ait un respect du multilinguisme des institutions de l’UE”, a ajouté cette source, déplorant un recours croissant “au tout anglais”.
Du côté du Conseil de l’UE, une source a également confirmé l’incident, qui a provoqué un “malaise” lors de la réunion des ambassadeurs mercredi. “Il y a eu un malentendu”, a-t-elle estimé, les services du Conseil ayant considéré que la France avait accepté les règles du jeu lors d’une précédente réunion.
Le format “léger” qui avait été prévu pour les futures réunions d’experts sur les budgets 2021-2027 ne permet pas d’avoir des interprètes, selon cette source européenne. “De facto, les discussions se déroulent en anglais” dans ce type de réunions, a-t-elle ajouté.
La langue française est, avec l’anglais et l’allemand, une langue de travail au sein des institutions européennes, mais elle est en déclin, en particulier depuis l’élargissement aux pays de l’Est.
Fin mars, le président français Emmanuel Macron avait jugé que le recul du français au sein des institutions européennes n’était “pas une fatalité”, lors de la présentation d’une série de mesures pour renforcer la francophonie. “L’anglais n’a sans doute jamais été aussi présent à Bruxelles au moment où nous parlons de Brexit”, avait-il reconnu.