Bernard Cazeneuve revient en Algérie en tant que premier ministre après l’avoir visité en qualité de ministre de l’Intérieur en décembre 2014. La visite de « travail et d’amitié » qu’effectue ce mercredi et demain jeudi le Premier ministre français prend l’allure d’un voyage d’adieu.
Après le 7 mai 2017, date du second tour des présidentielles françaises, le gouvernement socialiste qu’il dirige présentera sa démission. D’où ces questions : quel est l’intérêt de la visite de Cazeneuve en fin de mandat à Alger ? Sur quoi va-t-il ou peut-il s’engager ? Et quelles sont les garanties pour que ses engagements soient réellement respectés par le nouveau pouvoir qui va s’installer à Paris en mai prochain ?
Des engagements sans valeur
Il a été largement constaté que les promesses et les annonces faites à l’époque du président de droite Nicolas Sarkozy (2007-2012) n’ont pas été totalement traduites sur le terrain avec l’arrivée du socialiste François Hollande. Aujourd’hui, vu les sondages, il y a une forte probabilité que le prochain chef d’État français soit d’une autre couleur politique que l’actuel pouvoir. Par conséquent, les engagements qui seront pris lors de cette visite pourraient ne plus avoir de valeur demain.
Bernard Cazeneuve a déclaré aux quotidiens nationaux Liberté et El Khabar qu’il est venu à Alger pour « dresser un bilan du développement sans précédent » des relations entre les deux pays, et « poser les bases pour garantir la poursuite de ce processus positif ».
Reste à savoir quelles sont les bases qui seront posées par Cazeneuve surtout que « le partenariat d’exception », promis par Paris n’a jamais réellement pris forme. Les investissements français en Algérie restent très faibles. L’usine Renault de montage d’automobile d’Oued Tlelat (Oran) est le seul investissement concrétisé ces dernières années même si le rythme de production demeure encore modeste par rapport à ce qui a été annoncé au lancement du projet. « Contrairement à d’autres pays, la France ne se contente pas de commercer avec l’Algérie mais elle crée de la valeur dans ce pays », a, pourtant, soutenu Cazeneuve dans les mêmes interviews.
La photo de Valls sur Twitter a laissé des traces
Sur le plan politique, les relations entre les deux pays connaissent une certaine crispation depuis la polémique provoquée par l’ex premier ministre, Manuel Valls, qui a publié sur son compte Twitter une photo montrant le président Bouteflika dans une posture physique difficile.
Depuis cette date, le chef de l’État n’a reçu publiquement aucun responsable français. On ne sait d’ailleurs pas encore si Cazeneuve sera reçu par le président de la République.