Un ancien député néerlandais, auparavant bras droit de l’homme politique islamophobe Geert Wilders, a surpris en annonçant s’être converti à l’islam, une révélation qui faisait couler mardi beaucoup d’encre dans le pays.
Geert Wilders n’a pas hésité à comparer ce revirement à un « végétarien allant travailler dans un abattoir ».
Joram van Klaveren est connu pour avoir mené pendant des années une bataille acharnée contre l’islam à la chambre basse du Parlement néerlandais, pour le parti de Geert Wilders, le PVV (Parti pour la liberté).
Cette formation plaidait pour une interdiction de la burqa et des minarets, affirmant « ne pas vouloir d’islam, ou aussi peu que possible aux Pays-Bas », note le quotidien Algemeen Dagblad (AD).
C’est en écrivant un livre contre l’islam que M. Van Klaveren, 40 ans, a changé de conviction, transformant son ouvrage en « une réfutation des objections que les non-musulmans ont » vis-à-vis de cette religion, explique-t-il dans une interview parue mardi dans le journal NRC.
« Si tout ce que j’ai écrit jusqu’à présent est vrai, et je le pense, alors je suis un musulman de facto », déclare-t-il. Son livre, intitulé « Apostat : du christianisme à l’islam à l’heure de la terreur séculaire », sortira prochainement.
Interrogé par la télévision privée néerlandaise RTL Nieuws, Geert Wilders a exprimé son étonnement : « Quelle histoire! C’est un peu comme si un végétarien allait travailler dans un abattoir ». « Je m’attendais à beaucoup mais ceci, je ne l’ai pas vu venir », s’est-t-il exclamé devant des journalistes.
M. Van Klaveren, qui a grandi dans un environnement chrétien strict, a confié auprès de NRC chercher sa conviction religieuse « depuis longtemps ».
« Cela ressemble un peu à un retour religieux pour moi », a ajouté l’ancien député, après avoir annoncé lundi soir à la radio publique s’être converti à l’islam fin octobre.
Sollicité par l’AFP, il n’était pas joignable dans l’immédiat.
– Conversion « surprise » –
La conversion de l’ancien député a surpris « à la fois ses amis et ses ennemis », a analysé le quotidien AD.
C’est en 2014 qu’il a mis fin à sa collaboration avec le parti de Geert Wilders, après des commentaires controversés du chef du PVV, qui avait promis lors d’un rassemblement électoral « moins de Marocains » aux Pays-Bas. Deux ans plus tard, M. Wilders a été reconnu coupable de discrimination. Son procès en appel court toujours.
M. Van Klaveren a ensuite créé son propre parti anti-islam, « Pour les Pays-Bas » (VNL), avant de se retirer de la vie politique suite à un résultat décevant aux élections législatives de 2017.
Sa récente conversion à l’islam délie certaines langues aux Pays-Bas. « Si ce n’est pas un coup de publicité pour promouvoir son livre, alors c’est vraiment un choix extraordinaire pour quelqu’un qui avait beaucoup à dire sur l’islam », a dit à l’AD Jan Roos, cofondateur du VNL. « Mais nous avons la liberté de religion aux Pays-Bas. Il peut vénérer qui il veut », a-t-il souligné.
Said Bouharrou, membre du conseil d’administration des mosquées marocaines aux Pays-Bas, a salué le choix de M. Van Klaveren. « C’est formidable quand quelqu’un qui a été si critique vis-à-vis de l’islam (…) se rend compte que ce n’est pas si mauvais ou pervers », indique-t-il auprès de ce même quotidien, rendant hommage au « courage » de révéler sa conversion « en public ».
Des quelque 17 millions de citoyens néerlandais, 5% sont musulmans, selon l’Office central des statistiques (CBS), un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2050, selon des experts.
La conversion à l’islam de Joram van Klaveren fait couler beaucoup d’encre, mais l’ancien député n’est pas le premier membre du parti de Geert Wilders à changer diamétralement de position. En 2013, Arnoud van Doorn, ancien conseiller municipal du PVV à La Haye, avait fait de même.
Aux Pays-Bas, le port du voile intégral est interdit depuis l’année dernière dans des lieux publics comme les écoles et les hôpitaux.