Actuellement en tournée nationale pour la promotion de son nouvel album, Lounis Aït Menguellet a fait une étape, hier soir, à Oran pour un concert exceptionnel.
Figure emblématique d’un artiste engagé en faveur de la revendication identitaire amazigh, le virtuose a donné un concert avec toute la sobriété qui lui sied si bien.
Pour l’événement, les places de la salle Le Régent s’étaient arrachées longtemps à l’avance même à 1000 dinars l’accès et c’est devant une salle comble que l’icône s’est produite.
Le temps d’un soir, le mythique poète auteur-compositeur-interprète d’expression Kabyle a su une fois de plus convaincre le public par son talent.
Vêtu d’une chemise noire et d’un bleu jean, guitare classique à la main, Lounis a enchanté les 900 spectateurs de la salle pendant plus de 2 heures. En commençant avec Aghrib, puis en enchaînant par Sligh iwtaxi, urighas tabratt neslam, Avarwaq, ketbagh ismim flahyud, et en finissant par le Kecini ruh nek adekimagh, le concert a été un réel succès.
Passant tout naturellement et avec élégance d’un rythme à un autre, l’artiste a revisité son immense répertoire: Ǧğet-iyi (1984), Abrid n temẓi (1990), A kwen-ixḍaεRebbi (1992), l’incontournable chanson dédiée à la JSK et bien sur son nouvel album Tudert nni.
Son tour de chant, rythmé par les narrations de souvenirs de jeunesse au village perché sur les montagnes de Kabylie, l’artiste a comblé le public. Un simple orchestre (deux percussionnistes, un guitariste et violoniste et son fils qui joue au synthétiseur et à la flûte) l’accompagnait avec brio, recréant ainsi une ambiance chaleureuse et oh combien nostalgique !
Un grand moment de partage lorsqu’il a interprété les classiques de son répertoire, repris en chœur par un public inconditionnel et complètement sous le charme. Un moment exceptionnel !
Le public composé en majorité de jeunes a été enthousiaste, ravi de pouvoir retrouver sur scène un Lounis très en forme et loin d’être affecté par l’âge malgré ses 67 ans.
Les Oranais connaissent très bien ce chanteur de son vrai nom Abdenbi qui a un lien familial très intime avec Oran, ses deux frères habitant non loin de cette salle. Le public a longuement vibré.
Une foule d’hommes et de femmes, compacte et impressionnante, s’est mise à danser au rythme Teltiyam di laamriw, A lmus-iw (1981), Ṭṭes ṭṭes (1982) ou encore A mmi (1983) et uryittaja (1990). Grandiose fête. Au passage, le poète a livré une chanson en hommage aux femmes.
Ce chanteur-compositeur qui vient d’avoir la médaille de l’ordre du mérite national, a confirmé qu’il est l’un des artistes les plus populaires de la chanson kabyle, un poète qui est devenu l’un des symboles de la revendication identitaire amazigh.
Après près de cinquante ans de carrière et une discographie de 222 chansons, cet auteur de chansons populaires est un libre-penseur doté d’une grande indépendance d’esprit et de sagesse.