La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël ne passe pas auprès des Palestiniens. Le Royaume a officialisé ses relations avec Israël en décembre 2020.
Cette normalisation s’est déroulée dans le cadre d’un deal que le Maroc n’a jamais tenté de cacher : officialiser ses relations avec ce pays en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Depuis, la diplomatie marocaine ne cesse de réaffirmer que l’accord de normalisation avec Israël ne change rien au « soutien » du royaume à la cause palestinienne, rappelant à chaque fois que le roi Mohammed VI est le président du « comité Al Quds ».
Mais l’ambassadeur de Palestine à Dakar n’est pas de cet avis. Interrogé par un journal sénégalais, Safwat Ibraghith a dit ses quatre vérités au Maroc sur l’accord de normalisation avec Israël : un « manque de maturité politique » et un marchandage de la cause palestinienne contre la question du Sahara occidental.
« Ils ne peuvent pas le nier. Cela a été un marchandage », a-t-il asséné, en rappelant que le monde arabe a proposé un plan de paix à Israël en 2002, lors du sommet de Beyrouth.
« L’Algérie grande puissance »
Des propos qui ont fait très mal à Rabat et qui ont fait réagir la diplomatie marocaine qui l’a accusé de « créer une césure là où elle n’a jamais existé ».
L’ambassadeur du Maroc à Dakar a qualifié la sortie du diplomate palestinien de « malheureuse ». Pour lui, la déclaration de son homologue palestinien est « truffée de contradictions », de « contre-vérités » et « allant même en porte-à-faux avec les positions officielles de sa propre hiérarchie ». A savoir l’autorité palestinienne.
L’ambassadeur palestinien anticipe l’échec de l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël, en affirmant que cela ne va pas aider le royaume dans sa quête d’une reconnaissance internationale de sa souveraineté sur le Sahara occidental.
« On sait que tous ces accords de paix seront vite expérimentés et sont voués à l’échec », a-t-il dit, en citant le cas de l’Egypte, premier pays arabe à avoir signé un accord de paix avec Israël en 1979. « Les Egyptiens n’ont jamais traité les Israéliens comme des voisins », a-t-il dit, expliquant que l’armée égyptienne classe toujours Israël comme une « menace».
Les propos de Safwat Ibraghith ont d’autant plus fait mal qu’il a évoqué l’indépendance du peuple sahraoui et surtout cité l’Algérie comme une « très grande puissance » qui soutient le combat du peuple sahraoui pour l’autodétermination.
L’Algérie avait dénoncé la normalisation des relations entre Israël et le Maroc, la considérant comme une menace à sa sécurité nationale et l’un des points qui l’ont poussé à rompre ses relations diplomatiques avec son voisin de l’Ouest.
« D’ailleurs, poursuit l’ambassadeur marocain, le diplomate (palestinien) n’hésite pas à faire allusion à ce qu’il a appelé une « grande puissance ».