Un éditorial du quotidien français Le Monde sur la situation politique en Algérie, publié samedi, a fait réagir le gouvernement algérien qui a dénoncé une « hostilité inouïe » et un « texte violent » qui a pris pour « cible » le président de la République et l’armée algérienne.
Pour répondre à l’éditorial du Monde, c’est l’ambassadeur d’Algérie en France Mohamed Antar Daouda qui a pris sa plume pour rédiger la réponse dans une lettre officielle à l’attention du directeur du quotidien Jérôme Fenoglio.
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M. Daoud a estimé que le texte était d’une « hostilité inouïe » à l’égard de l’Algérie, de ses « institutions et de ses symboles, grossièrement intitulé : ‘l’Algérie dans l’impasse autoritaire’ ».
Dans sa lettre, l’ambassadeur d’Algérie à Paris prend le soin de préciser que l’édito en question a été « rédigé à partir d’une salle de rédaction parisienne », sans attendre que l’envoyé spécial du journal, qui est attendu en Algérie du 8 au 14 juin pour couvrir les législatives du 12 juin, « puisse mesurer sur le terrain l’ampleur de l’engouement du peuple algérien notamment sa jeunesse pour cette étape cruciale dans l’édification institutionnelle de l’Algérie nouvelle ».
Pour lui, cet édito évoque, avec une « subjectivité déconcertante ‘un rendez-vous manqué pour la démocratie algérienne’ ».
« Le caractère délibérément outrageux et violent de ce texte, prenant pour cible le Président de la République et l’institution militaire interpelle sur les desseins réels d’un tel acharnement qui se renouvelle, sciemment, à l’approche de chaque échéance politique dans mon pays », a assené l’ambassadeur algérien, qui s’interroge si Le Monde « sert-il les intérêts des lobbys hostiles à une relation apaisée » entre la France et l’Algérie.
Pour M. Daoud, il est « regrettable de constater que les héritiers de cette institution de référence en matière de journalisme se situent à des lieues des principes de déontologie imprimés par son fondateur Hubert Beuve-Méry dont les positions concernant la révolution algérienne contre le colonialisme restent inscrites dans les annales [sic] de la presse française ».
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Que dit l’édito du Monde ?
Dans son éditorial, Le Monde explique qu’un « nœud coulant étouffe peu à peu le désir de démocratie des Algériens », à la veille des législatives du 12 juin.
« Une répression massive, disproportionnée, face à un mouvement non violent, a eu raison du Hirak », estime Le Monde, en ajoutant qu’« aujourd’hui, le nouveau chef d’État confirme qu’il est, comme tous ses prédécesseurs, l’homme lige des militaires, qui exercent la réalité du pouvoir, en cherchant à étouffer par tous les moyens les revendications de transparence, d’ouverture et de libertés ».
Le président Tebboune « n’a rien fait de ses promesses de libéralisation et d’écoute de la jeunesse, offrant une simple façade civile aux militaires », critique l’éditorialiste, estimant que « la glaciation politique – Exécutif contrôlé par l’armée, Parlement sans véritable pouvoir – va de pair avec un inquiétant surplace économique ».
Le journal estime aussi que les animateurs du Hirak « n’ont pas su transformer leur rejet du système en alternative démocratique crédible ». « Ils n’ont pas non plus réussi à faire émerger une figure pouvant incarner un avenir meilleur », a ajouté Le Monde.