Un éminent prince saoudien ayant suscité la polémique en critiquant le roi et le prince héritier d’Arabie saoudite, est de retour dans son pays, en pleine tempête autour du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, selon des membres de sa famille.
Le retour du prince Ahmed ben Abdel Aziz al-Saoud, frère du roi Salmane et oncle du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit “MBS”, alimente les rumeurs sur de possibles efforts de la famille royale pour consolider le soutien à la monarchie, objet de critiques internationales dans l’affaire Khashoggi.
Son arrivée à Ryad mardi a été confirmée par au moins trois princes, dont Fayçal ben Turki ben Fayçal sur Twitter.
Les autorités saoudiennes n’ont pas souhaité commenter les raisons du retour du prince Ahmed, après plusieurs mois passés à Londres.
Le mois dernier, celui-ci avait minimisé des remarques controversées faites à des manifestants anti-saoudiens à Londres, qui avaient laissé supposer une possible discorde au sein de la famille royale.
Selon une vidéo largement relayée en ligne, il aurait dit aux protestataires dénonçant le rôle de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen: “Quel rapport la famille a avec cela ? Certaines personnes sont responsables… Le roi et le prince héritier”.
De nombreux internautes avaient considéré cette remarque comme une rare critique venant d’un membre de la famille royale sur ses dirigeants et sur leur rôle dans le conflit yéménite.
Dans un communiqué, le prince Ahmed avait jugé que ses propos avaient été interprétés de façon “inexacte”.
Selon le New York Times, qui cite des proches de la famille, il “craignait de rentrer” à Ryad, mais il n’est pas clair si sa sécurité lui avait été garantie avant son départ.
A son arrivée aux environs de 01H30 mardi, “le prince Mohammed était là pour l’accueillir chaleureusement à l’aéroport”, selon le quotidien américain.
L’Arabie saoudite fait face à un tollé international après le meurtre du journaliste saoudien, critique de “MBS”, tué dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre.
Khashoggi a été tué par “strangulation” dès son entrée dans le consulat et son corps “démembré” selon un plan prémédité, a déclaré mercredi le procureur général d’Istanbul, rendant publics les détails du meurtre pour la première fois.
Même si l’image mondiale du prince héritier, souvent présenté comme réformateur, a été ternie par l’affaire Khashoggi, il continue de diriger de facto le pays, estiment des experts.
Avant l’affaire, il a renforcé son emprise sur le pouvoir en réprimant tout signe d’opposition: hommes d’affaires, militants des droits de la femme et dignitaires religieux ont été arrêtés.
Mais certains experts saoudiens rejettent les suppositions selon lesquelles le prince Ahmed pourrait défier l’autorité de “MBS”.
“Ahmed n’est pas un prince dissident”, selon Michael Stephens, expert au Royal United Services Institute. “Il est une figure centrale (de la famille royale saoudienne) depuis des années”.