L’arrestation d’un haut cadre de l’Office algérien des céréales (OAIC) est peut-être le début de quelque chose dans la lutte contre l’enrichissement illicite des cadres de l’État.
Bien que le pays ait connu une multitude de procès anticorruption depuis le milieu de l’année 2019, impliquant d’anciens très hauts responsables de l’État, civils et militaires, c’est sans doute l’une des rares fois où la justice démarre à partir de signes extérieurs de richesse pour épingler un fonctionnaire de l’État.
Les détails de l’affaire ont été révélés à l’opinion par le procureur de la République près le pôle pénal économique et financier ce mardi 30 mars en conférence de presse.
Le mis en cause, désigné par les initiales H. A., 61 ans, était conseiller à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Il a fait toute sa carrière au sein de l’Office, ayant débuté en 1987 comme chargé d’études, puis directeur du commerce extérieur, inspecteur général et enfin conseiller. Il a surtout été membre de la commission des marchés.
Une manière pour le magistrat de signifier que le train de vie qu’il menait ne cadrait pas avec les revenus de sa fonction. « Il a été constaté que le mis en cause effectuait des séjours de 5 à 10 jours en France tous les deux mois en moyenne », révèle le procureur.
Signes extérieurs de richesse
L’enquête a permis aussi de quantifier ses biens : des biens immobiliers et des comptes bancaires en Algérie et à l’étranger.
Selon le magistrat, il possède une villa de plus 500 m², un local de 200 m², une autre villa de 110 m² et un appartement de 186 m². Le tout à Alger. Plusieurs comptes bancaires ouverts au nom de l’accusé en Algérie ont en outre été découverts.
Ils sont crédités de près 40 millions de dinars, 61 000 euros et 12 000 dollars. Il a été aussi avéré que le suspect possède trois comptes bancaires à l’étranger, deux au Luxembourg et un en France, crédités de 2 millions d’euros et de 2 millions de dollars. En sus de la découverte chez lui de trois millions de dinars et d’autres sommes en devises, dont 3 000 livres sterling et 12 000 euros.
Suffisant pour la justice pour ordonner son inculpation et l’inculper d’enrichissement illicite, octroi d’indus avantages dans le cadre de la conclusion de transactions publiques, blanchiment d’argent et infraction à la législation des changes.
Selon le procureur, la justice s’apprête à demander des commissions rogatoires internationales afin de recenser les biens et avoirs du mis en cause à l’étranger et obtenir leur saisie au profit de l’État algérien. D’autres têtes pourraient tomber, l’enquête n’est qu’à ses débuts, a fait savoir le magistrat.