Un film sur le massacre d’une famille dans la bande de Gaza lors d’une opération de l’armée israélienne a remporté samedi l’Oeil d’or au Festival de Cannes, qui récompense le meilleur documentaire.
« Samouni Road » de l’Italien Stefano Savona a recours à l’animation pour reconstituer les scènes les plus insoutenables et redonner vie aux disparus, 29 membres d’une famille, adultes comme enfants.
Des dessins en noir et blanc s’intercalent avec des interviews, font revivre un passé trop lourd, se substituent aux archives. « L’animation vous permet en quelque sorte de faire revenir les morts », confirme Stefano Savona, archéologue de formation et documentariste.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, ce film a mis neuf ans à voir le jour. Il revient sur l’opération « Plomb durci » de l’armée israélienne (27 décembre 2008 – 18 janvier 2009). Le réalisateur s’est appuyé sur les documents de la Croix-Rouge, des Nations unies, mais aussi sur les rapports internes de l’armée israélienne.
Le jury présidé par le Français Emmanuel Finkiel (« La douleur ») a « salué Stefano Savona pour l’intelligence de son dispositif, la juste distance du point de vue, la délicatesse de son regard, la brillante et subtile utilisation de l’animation et pour la force de sa proposition narrative ».
« La situation à Gaza était tragique il y a 25 ans; maintenant c’est pire. J’ai seulement voulu montrer ces gens et les laisser parler », a confié Stefano Savona à l’AFP, refusant de commenter le bain de sang survenu en début de semaine dans la bande de Gaza.
Deux mentions ex aequo ont en outre été remises à Michel Toesca pour « Libre » sur le Français Cédric Herrou, l’agriculteur défenseur des migrants dans la vallée de la Roya à la frontière franco-italienne, et à Mark Cousins pour « The Eyes of Orson Welles », sur le réalisateur de « Citizen Kane ».
« Libre », attendu en salles fin septembre, raconte la façon dont Cédric Herrou s’est organisé pour accueillir des migrants de plus en plus nombreux. Les actions auxquelles il a participé pour aller chercher des réfugiés en Italie ou squatter un bâtiment désaffecté pour les abriter. Ses nombreux passages devant le juge, dont il fait à chaque fois une tribune médiatique.
L’an dernier, l’Oeil d’or avait récompensé « Visages, villages » d’Agnès Varda et JR.