Politique

Un onzième vendredi décisif pour la suite du mouvement

Ce onzième vendredi de mobilisation nationale contre le pouvoir sera décisif pour la suite de la mobilisation puisqu’il est le dernier avant le début du mois de Ramadan, pendant lequel beaucoup s’attendent à une baisse de la mobilisation des citoyens qui devrait toutefois prendre de nouvelles formes.

Sur les réseaux sociaux, là d’où partent toutes les initiatives, de nombreux appels ont été lancés par des anonymes, des militants, des personnalités politiques pour marcher ce vendredi. « Poursuite de la révolution du sourire », « L’Algérien ne se rend jamais », « Onzième vendredi, avant Ramadan, nous sortons tous marcher, ils dégagent tous », sont les noms donnés par leurs auteurs à des événements lancés sur les réseaux sociaux appelant à marcher.

Les mots d’ordre lancés sont les mêmes que lors des vendredis précédents : départ du système, appels à l’unité, dénonciation des tentatives de diversion et de détournement du mouvement.

Inquiétudes sur la mobilisation à Alger

Tout semble se dérouler comme à la veille des précédents vendredis, à quelques détails près. Le dixième vendredi a été marqué par une forte mobilisation à travers de nombreuses villes du pays mais à Alger, pour la première fois depuis le 22 février, une nette baisse du nombre de manifestants a été constatée. À cause de la fatigue et de la démobilisation des Algérois pour certains, à cause de la fermeture des routes menant à Alger par les forces de police et de gendarmerie, empêchant les manifestants des autres wilayas de marcher dans la capitale pour d’autres.

Jeudi, les barrages filtrants de la gendarmerie étaient installés au niveau de l’autoroute est-ouest et sur la route nationale reliant Tizi-Ouzou à Alger, ainsi que sur la route de Tipaza. Les manifestants en provenance de l’est et de l’ouest de la capitale auront sans doute de grandes difficultés à rejoindre la marche, comme lors des deux précédents vendredis, laissant nombre de militants craindre une baisse encore plus importante du nombre de manifestants aujourd’hui.

La cohésion du mouvement confirmée

Au-delà des contraintes pratiques auxquelles le mouvement doit faire face, notamment à Alger, le mouvement, dans son ensemble est de plus en plus confronté aux tentatives de diversions et de division de l’opinion. Tout au long des semaines précédentes, des campagnes ont été menées sur les médias et les réseaux sociaux pour semer la division et le doute parmi les Algériens. Jouant sur les cordes sensibles de la société, comme les langues, certains ayant voulu opposer tamazight (ou le kabyle) à l’arabe, le régionalisme, la religion, ces campagnes visaient, à n’en pas douter, à attiser des tensions latentes depuis longtemps mais dont le mouvement avait, croyait-on, annoncé la disparition.

Toutefois, ces campagnes qu’on peut qualifier de véritable guerre psychologique, n’existent que sur les réseaux sociaux puisque, lors des marches du 10e vendredi, celles des étudiants le dimanche et le mardi suivant et celle des travailleurs du premier mai, toutes les composantes de la société algérienne ont de nouveau marché dans une parfaite harmonie, sans que des tensions ne soient constatées. Les événements qui se sont déroulés mercredi à Djelfa et la mise en échec d’une énième tentative de semer la division entre Algériens, démontrent, eux aussi, que la cohésion du peuple et du mouvement populaire contre le pouvoir reste intacte. Une cohésion qui devrait être confirmée lors de ce onzième vendredi de manifestations contre le système.

L’enjeu de la mobilisation des Algériens dans leur mouvement populaire n’a jamais été aussi crucial que lors de ce onzième vendredi. Le nombre de manifestants qui marcheront à travers tout le pays et surtout à Alger, où se déroulent les manifestations les plus visibles et à l’impact le plus certain, notamment sur les médias internationaux, déterminera l’avenir de cette révolution.

Une forte mobilisation sera annonciatrice d’une probable poursuite du mouvement pendant le Ramadan et au-delà, un recul pourrait signer, non pas la fin, mais la mise en pause du mouvement, peut-être jusqu’à l’approche des élections présidentielles.

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