Le prédicateur saoudien cheikh Salmane al-Aoudah a été hospitalisé après avoir passé plus de quatre mois d’incarcération à l’isolement, a déclaré jeudi Amnesty International en citant des membres de sa famille.
Ce théologien avait été arrêté début septembre avec au moins 20 autres religieux et intellectuels. Il était détenu depuis sans inculpation et sa famille ne pouvait communiquer avec lui.
Selon Amnesty, cheikh Salmane, 61 ans, a été hospitalisé à Jeddah (ouest) et sa famille a encore été empêchée d’avoir le moindre contact avec lui.
Cette hospitalisation, “outre qu’elle est profondément inquiétante et traumatisante pour sa famille, met en lumière le traitement honteux qu’il subit de la part des autorités saoudiennes”, a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes d’Amnesty au Moyen-Orient.
“Les autorités doivent veiller à ce qu’il reçoive tous les soins médicaux nécessaires, à ce qu’il puisse communiquer avec sa famille et un avocat et, surtout, à ce qu’il soit libéré”, a-t-elle ajouté.
Amnesty a indiqué que Salmane al-Aoudah avait été arrêté à son domicile quelques heures après avoir rédigé un tweet en faveur d’une réconciliation entre l’Arabie saoudite et le Qatar.
En juin, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar en accusant ce pays d’avoir des liens avec des groupes extrémistes et de se rapprocher de l’Iran, rival de Ryad au Moyen-Orient.
Selon sa famille, Salmane al-Aoudah et d’autres personnalités avaient été priés par les autorités saoudiennes de tweeter pour soutenir le gouvernement dans la crise avec le Qatar, mais il avait refusé, a déclaré Amnesty International.
Avant son arrestation, ce prédicateur avait plus de 14 millions de “suiveurs” sur Twitter.
Au début des années 1990, Salmane al-Aoudah avait participé au Sahwa, mouvement de contestation islamiste anti-américain qui appelait aussi à l’instauration d’une monarchie constitutionnelle en Arabie saoudite.