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Un prêt en provenance des Emirats a sauvé la campagne de Marine Le Pen en 2017

Un prêt en provenance des Emirats a sauvé la campagne de Marine Le Pen en 2017

Le Front national (désormais Rassemblement national, extrême droite) en France a obtenu en 2017 un prêt de huit millions d’euros de la part d’un homme d’affaires français afin de boucler ses comptes de campagnes pour les dernières élections présidentielles, soulevant des interrogations sur l’origine des fonds puisque l’argent a transité par une banque des Emirats arabes unis, rapporte Médiapart ce vendredi.

La campagne de la candidate du Front national lors des élections présidentielles de 2017, qui avait permis à Marine Le Pen de se placer deuxième du scrutin derrière Emmanuel Macron, avait causé un déficit de l’ordre à 5 à 6 millions d’euros dans les comptes. Confrontée au risque d’invalidation de la candidature et de non-remboursement par l’Etat des dépenses de campagne pour cause de comptes déficitaires, le Front national (FN) a dû opter en détresse à quémander un prêt auprès de l’homme d’affaires Laurent Foucher, connu pour ses activités en Afrique dans les domaines pétroliers et miniers (diamant).

Les interrogations résident dans les faits que la convention de prêt ait été « curieusement » signée fin 2017 à Bangui (République de Centrafrique), mais que les fonds aient été en provenance d’une société de gestion d’actifs baptisée Noor Capital, basée à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), en direction de la Société générale, qui était naguère banque du parti.

Noor Capital est une société financière d’investissement et de gestion d’actifs des Émirats arabes unis, qui dispose d’une licence bancaire. Fondé par l’ancien ministre du pétrole Mana Saeed al-Otaiba, l’établissement financier repose sur les actifs de plusieurs clans familiaux émiratis. Noor étant une société de gestion d’actifs, l’argent de ses clients est en principe déposé sur des comptes qui ne sont pas ouverts à leur nom, mais au nom de la société. Lorsque Noor fait un virement, il est donc a priori difficile de savoir à qui appartient l’argent.

« Cet argent va permettre au parti d’extrême droite d’acquitter ses dernières factures de la campagne présidentielle, avant la clôture des comptes qui doit intervenir le 7 juillet à 18 heures – légalement onze semaines après le premier tour », indique Médiapart.

« On devait investir dans les télécoms avec mon associé. Avec ce prêt rémunéré à 6 % sur huit mois, je réalisais une bonne opération », explique Laurent Foucher, cité par la même source, précisant avoir été remboursé en mars 2018 par le Rassemblement national, après que celui-ci eut reçu le remboursement des frais de campagne par l’État.

Le Rassemblement national, sa présidente Marine Le Pen en tête, a refusé de répondre aux sollicitations de Médiapart. « Pas de commentaire. Je ne réponds jamais aux questions relatives aux questions financières », a indiqué le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. Jean-Michel Dubois, le trésorier des campagnes du RN, a pour sa part simplement indiqué que le Rassemblement national avait obtenu des « prêts extérieurs », et qu’il ne souhaitait pas « en dire plus là-dessus, il y a des choses qui sont confidentielles ».

Ce n’est pas la première fois que le parti de Marine Le Pen bénéficie d’un prêt en provenance d’un pays étranger. Le Rassemblement national avait déjà reçu un prêt de la part d’une banque russe de l’ordre 9 millions d’euros en 2014.

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