La scène qui se passe à Ghardaïa où le ministre de l’Industrie était en visite mardi 15 novembre illustre les difficultés des entreprises publiques en Algérie.
Parmi les étapes de la visite de Ahmed Zeghdar, l’unité de production de l’entreprise algérienne de fabrication de pipes de transport destinées aux secteurs de l’énergie et de l’hydraulique.
Au cours d’une réunion avec le personnel de l’entreprise, un travailleur, ayant 20 ans d’ancienneté, prend la parole. Il envisage de dénoncer la mauvaise gestion de l’unité, mais il demande d’abord la promesse du ministre de le protéger d’éventuelles représailles.
« Un responsable vient de me menacer de me licencier si je parle », dit-il devant l’assistance. Le ministre l’encourage à parler, mais « avec respect ». « Celui qui te touchera aura affaire à moi », lui dit-il.
Le travailleur se lance alors dans une série de révélations pour expliquer la situation financière difficile dans laquelle se trouve l’entreprise publique.
Le syndicat et le comité de participation pointés du doigt
Selon lui, si l’unité se retrouve en difficulté financière, ce n’est pas la faute aux salariés, mais à cause notamment de « l’accaparement des postes sensibles et importants par des membres de la section syndicale et du comité de participation », alors qu’ils n’ont « aucune expérience de ou compétence professionnelle ».
Il ajoute que les cadres compétents de l’entreprise sont « marginalisés ». « Nous avons des cadres qui comptent parmi les meilleurs que la wilaya a enfantés. Lorsqu’ils géraient l’entreprise, elle était dans une grande aisance financière et il y avait une harmonie entre les travailleurs, la section syndicale et l’administration », a-t-il révélé devant le ministre et le wali.
Des accusations sur lesquelles le ministre de l’Industrie devra se pencher. Le président de la République a instruit les services de sécurité, l’administration et la justice de ne plus prendre en compte les dénonciations anonymes, dont la destination doit être « le broyeur ».
Ce travailleur s’est exprimé à visage découvert et de la manière la plus solennelle qui soit. Il lui appartient de remettre au ministre les preuves de ce qu’il a avancé. Il a posé un problème de taille qui est celui de l’influence négative des syndicats au sein des entreprises publiques algériennes. Au lieu de défendre les intérêts des travailleurs, certains syndicalistes profitent de leur statut pour s’immiscer dans la gestion des entreprises.