Un trou financier de plus 5 milliards de dinars (500 milliards de centimes) a été détecté dans les comptes du Fonds national d’investissement (FNI). Selon le rapport du commissaire aux comptes daté de février dernier et dont nous détenons une copie, le compte N° 369701-00100-12 (compte d’attente à régulariser, englobant plusieurs comptes débiteurs) présentait au 31 décembre 2016, un solde débiteur de 5 393 480 938,99 DA.
La Direction de l’audit interne du Fonds a présenté un rapport d’assainissement qui ne semble pas avoir convaincu le commissaire aux comptes pour lever les réserves formulées, par la faute d’une approche inadaptée et d’une comptabilité manquant de justificatifs probants.
L’approche adoptée par l’équipe de l’audit n’a pas été validée par le commissaire aux comptes qui l’a jugée non exhaustive, étant donné qu’elle devait prendre en charge 59 comptes au lieu de 41 seulement.
« Le principe comptable de fidélité et d’exactitude dans la production et de la présentation de l’information n’a pas été respecté », écrit-il dans le rapport. 53 comptes présentent un débit de 6 935 154 897, 51 DA et contre 6 comptes qui présentent un crédit de 1 541 673 958,52 DA, soit qui donne un compte créditeur à régulariser de 5 393 480 938,99.
Les comptes dont la régularisation a été demandée concernent des opérations en lien avec le projet de la Route nationale N°1, les crédits de coopération et l’emprunt CCE/CFP MUCH, relatif au financement de la réalisation de 11 centres de formation professionnelle inscrit à l’indicatif du ministère de l’Habitat et dont 4 sont inscrits au profit du ministère de la Formation professionnelle.
Le commissaire aux comptes remet en cause aussi la fiabilité des bases de données utilisées comme support de traitement. « Il a été relevé une incohérence incompréhensible lors de la reconstitution du résultat de la Banque sur la base des charges et des produits extraits des bases de données informatiques « WIN-COMPTA », affichant un résultat déficitaire de 12 271 019 156,32 DA et celui reporté sur le bilan (support papier) de la Banque arrêté avec un résultat déficitaire de 11 122 840 484,77 DA. Cette différence non expliquée par la DFC ni par la DAI constitue une incertitude quant à l’exhaustivité et à la fiabilité des informations contenues dans les bases de données informatiques utilisées comme support de recherche et de traitement », écrit-il.
C’est à la période 2007-2008 que remonte l’origine du « compte d’attente à régulariser 369701-00100-12 ». Il « remonte à la réouverture des comptes relative à l’exercice 2008. Les travaux de rapprochement entre les données comptables arrêtées au 31/12/2007 et celles de la réouverture de l’exercice 2008 ont permis de constater une entorse au principe de l’intangibilité d’ouverture de bilan ».
Aussi, le rapport signale « une rupture de soldes d’un exercice sur l’autre », pour la période 1986-1987 et « même dans la base de données informatique pour la période 2007-2008.
Un expert financier, joint par TSA, pense qu’il pourrait s’agir d’une « comptabilité souffrant de l’absence de justificatifs probants ». Pour lui, ce sont « des erreurs fréquentes dues en grande partie à la non-maîtrise des principes comptables : intangibilité des soldes, insuffisance, voire absence de documents justificatifs, compensation d’écriture ».
« Plus de 5 milliards de DA à assainir, cela représente un montant à annuler et à comptabiliser en charges. Ce n’est qu’un compte qui a été examiné, qu’en est-il du reste de la comptabilité du FNI ? », s’interroge-t-il.
TSA a tenté de joindre des responsables du FNI, mais ils ont refusé de répondre à nos questions.