Une jeune algérienne de 24 ans a porté plainte vendredi en France pour viol contre le chanteur américain Chris Brown. Elle témoigne pour la première fois publiquement dans les colonnes du journal Le Parisien.
« J’ai vécu un cauchemar. Et le pire, c’est que j’ai le sentiment d’être tombée dans un piège, d’avoir été victime d’un système, qui fonctionne avec un mode opératoire bien rodé », affirme la victime dont l’identité n’a pas été dévoilée.
« Un barman que je connais m’a proposé de passer une soirée avec cette star. Je savais qui il était, mais sans plus. Je ne suis même pas fan de sa musique. Le rendez-vous a été donné au Mandarin [une boite de nuit parisienne], le palace où il logeait. À mon arrivée, il y avait de nombreuses filles dans le hall. Avec quelques-unes, nous avons été invitées à monter dans sa suite, où l’artiste se préparait », raconte-t-elle.
« Nous sommes redescendus, pour prendre la direction du Key, une discothèque proche de la Madeleine. La soirée a duré jusqu’à 3 heures. J’y étais moyennement à mon aise. Quand j’ai demandé à appeler une copine, on m’a dit qu’il y avait déjà trop de monde », relate-t-elle. C’est en retournant au Mandarin que « l’ambiance s’est vite dégradée », affirme la victime.
« Il y avait de la fumée de cannabis partout. De la musique sur laquelle personne ne dansait. Et tout le monde prenait de la cocaïne. Chris Brown particulièrement, qui s’est mis à parler tout seul, et à arpenter nerveusement la suite, faisant des allers-retours vers la terrasse. J’ai décidé de partir, et d’aller aux toilettes avant », raconte-t-elle.
C’est à ce moment-là que les violences ont eu lieu. « Il m’a attrapée violemment par le bras, mon bras droit, sur lequel j’avais des bleus. Il m’a poussée dans un dressing et m’a violée. Ensuite, j’ai voulu m’enfuir, mais je n’avais pas mon téléphone. Ils nous avaient été confisqués. J’ai demandé au garde du corps de me le rendre. Il m’a dit qu’ils étaient dans sa chambre. Nous sommes descendus au sixième étage et, là, ça a recommencé. De même qu’avec un autre proche de Chris Brown, encore une fois dans la chambre de ce dernier au sixième », relate la victime.
« J’étais brisée, en larmes. Je suis rentrée chez moi. Je ne savais plus quoi faire. J’ai voulu aller dès le matin à la police déposer plainte, mais je n’en ai pas eu la force. J’en ai parlé à des proches, qui m’ont dit de prendre un avocat. J’ai bien réfléchi, et le vendredi nous sommes finalement allés déposer plainte avec Me Descoubes, d’abord au commissariat du 17e, puis devant la police judiciaire », explique-t-elle.
La victime a également tenu à démentir les accusations de prostitution portées à son encontre. « C’est totalement faux ! Ce monde, cette drogue, ces gens, ce n’est pas mon monde. Je suis venue en France pour mes études. J’ai obtenu deux licences de langues et j’ai démarré en septembre des cours de théâtre dans une école prestigieuse. Oui, je fais des photos comme modèle, mais c’est tout », affirme-t-elle. Cette dernière dément également avoir lancé la procédure pour gagner de l’argent. « Je veux la justice », insiste-t-elle.
« Aujourd’hui, j’ai honte de devoir parler. Ma vie est bouleversée. Je suis épuisée, sous tranquillisants. Je n’ai pas pu reprendre les cours. Mais si je fais ça, c’est pour que personne d’autre ne vive ce que j’ai vécu », affirme la victime.
Placé en garde à vue ce lundi, Chris Brown a été relâché mardi soir sans faire l’objet de poursuites à ce stade.