Samedi 3 février. Un article paru dans les colonnes du New York Times révèle que l’Égypte et Israël sont devenus des alliés secrets dans une guerre contre un ennemi commun : l’État islamique.
Cette alliance tiendrait du fait qu’Israël s’inquiéterait des difficultés qu’a son voisin arabe à maîtriser la puissance terroriste présente sur son territoire, selon la même source.
Alarmé par cette menace qui se trouve toute proche de sa frontière, Israël aurait donc décidé de prendre des mesures avec l’accord du président Abdel Fattah al-Sissi. « Israël ne veut pas que les mauvaises choses qui se produisent dans le Sinaï pénètrent sur son sol », a ainsi révélé au journal Benjamin L. Cardin, sénateur américain.
Ce serait à la fin de l’année 2015 qu’Israël aurait débuté ses opérations en Égypte, quelque temps après que les terroristes ont abattu un avion russe, faisant état de 224 morts.
Ce pacte gardé sous silence aurait donc déjà pris effet depuis plus de deux ans. Période durant laquelle des drones, des hélicoptères et des avions israéliens non marqués ont effectué plus de 100 frappes aériennes en Égypte, et souvent plus d’une fois par semaine, indique le NYT, qui tient ses sources de sept responsables britanniques et américains impliqués dans la politique au Moyen-Orient.
Les interventions militaires d’Israël auraient ainsi permis à l’Égypte de regagner du terrain dans sa bataille contre les terroristes.
Reconfiguration du jeu politique
Cette collaboration tend alors à reconfigurer le terrain politique au Moyen-Orient. Le quotidien new-yorkais croit savoir que plusieurs États arabes tendent à s’aligner de plus en plus sur Israël.
Le gouvernement israélien aurait convaincu certains membres de son état-major que l’Égypte était désormais sous la dépendance d’Israël et que ce contrôle était nécessaire à la sécurité de leur propre pays.
Une situation favorable à Israël, dont l’inquiétude était pourtant manifeste en 2012, après l’arrivée au pouvoir de Mohamed Morsi, figure des Frères musulmans. « Les Israéliens se sont inquiétés de la parenté idéologique des Frères musulmans avec le Hamas et son hostilité historique envers l’État juif », précise le NYT. Un an plus tard, à la victoire de Sissi, Israël était soulagé. L’État hébreu saluait le changement de gouvernement et le partenariat entre les généraux des deux camps se voyait renforcé.
Un secret de polichinelle ?
N’ayant fait aucun commentaire sur le sujet, les deux voisins chercheraient à dissimuler le rôle d’Israël dans ces frappes aériennes par crainte d’une réaction en Égypte, où responsables gouvernementaux et médias continuent officiellement de blâmer Israël en marquant leur soutien à la Palestine.
Benjamin L. Cardin révélait encore au journal américain que l’effort égyptien pour occulter le rôle d’Israël en Égypte n’était pas « un phénomène nouveau ». Selon les officiels américains, Sissi prendrait beaucoup de précautions afin de cacher l’origine des frappes militaires, qui seraient uniquement connues par une poignée d’officiers et des membres du renseignement.
Par ailleurs, le gouvernement égyptien a déclaré que le nord du Sinaï était une zone militaire fermée. Après une attaque en août 2013 dans cette zone, qui a tué cinq terroristes, le porte-parole de Sissi, le colonel Ahmed Ali, avait nié toute intervention israélienne. « Il n’y a aucune vérité dans la forme ou dans le fond à l’existence de toute attaque israélienne à l’intérieur du territoire égyptien, avait-il déclaré, promettant une enquête. Les revendications de coordination entre les parties égyptienne et israélienne dans cette affaire manquent totalement de vérité et vont à l’encontre du sens et de la logique. »
Bien que les censeurs militaires israéliens aient empêché les médias d’informer sur les frappes, certains organes de presse ont contourné la censure en citant un rapport Bloomberg News de 2016, dans lequel un ancien responsable israélien a déclaré qu’il y avait eu des frappes de drones israéliens en Égypte.