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Une France inquiétante

Une France inquiétante

Dans quelques heures maintenant, les Français vont élire le 8e président de la cinquième République. Vraisemblablement, c’est Emmanuel Macron, candidat sans étiquette encore inconnu il y a trois ans, qui devrait largement remporter le scrutin. Un dernier sondage publié vendredi indique que l’ancien ministre de l’Économie battrait Marine Le Pen avec 61,5% des intentions de vote contre 38,5%.

Mais au-delà de l’issue de ce scrutin a priori connue, cette campagne présidentielle aura mis à jour une France fracturée. Le débat télévisé de mercredi soir entre les deux candidats à la magistrature suprême en a été l’incarnation. Marine Le Pen a multiplié les invectives. En crachant à la figure de son adversaire, allégorie de la réussite et de la mondialisation selon elle, la candidate du Front national a certainement voulu prendre la défense d’une France qui se sent déclassée, abaissée, malmenée aussi. Elle n’a toutefois certainement pas compris que la France fracturée a besoin d’une vision et d’un programme. Et donc d’unité.

Bien sûr, on pourra dire que ce débat n’était pas à la hauteur de la fonction présidentielle. Mais l’impossibilité de débattre des sujets de fond avec la candidate d’extrême-droite aura aussi eu le mérite de montrer une chose. Si le FN est capable de capter de façon massive le vote contestataire, il est juste incapable de gouverner la France. Quant à la stratégie de dédiabolisation dont nous parlent les médias français depuis plusieurs années, elle a manifestement montré ses limites.

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Le naufrage de Le Pen mercredi soir pendant le débat n’offre pas pour autant un boulevard à Emmanuel Macron. Dans une interview accordée quelques jours avant le premier tour au journal suisse Le Temps, le philosophe Marcel Gauchet décrit ce mal-être français responsable d’une polarisation de la vie politique.

« La France de 2017 a l’impression d’être dépossédée, presque expropriée de son histoire. C’est le leitmotiv de tous les Français en colère qui affichent leur ras-le-bol du système, de la classe politique, des élus et des élites ».

Bien que le jeune candidat présidentiable ait élaboré un nouveau logiciel politique, il doit désormais faire face à cette France qui le rejette. Certes, il n’a que 39 ans, il n’appartient à aucune famille politique traditionnelle, mais il incarne pourtant cette élite qu’une partie de la France exècre. Et pas seulement celle qui a voté Le Pen au premier tour de la présidentielle. Car, le vote protestataire est loin d’être uniquement l’apanage du FN.

Le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a réuni 19,3% des suffrages contre 11% en 2012. Dans le même temps, les formations politiques traditionnelles ont été atomisées par l’explosion de ces « anti-système » qui conspuent ces politiques ultralibérales, approuvées par la droite et par la gauche. Quant au président sortant, il bat des records d’impopularité. Lundi matin, au lendemain de ce scrutin violent et inédit, tout restera donc à faire, pour ne pas dire à reconstruire.

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