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Une nouvelle année de perdue pour les réformes économiques

Une nouvelle année de perdue pour les réformes économiques

L’année économique et sociale 2018 -2019 a commencé officiellement cette semaine avec la rentrée du gouvernement et les déclarations que beaucoup de commentateurs ont jugés très « rassurantes » du ministre des Finances Abderahmane Raouya. De toute évidence, la période qui s’étend jusqu’à l’été 2019 sera placée sous le signe des élections présidentielles du printemps prochain.

Si on avait encore quelques doutes à ce sujet, il suffit, pour s’en convaincre, de se reporter aux décisions qui vont encadrer l’action gouvernementale au cours de cette période. Qu’il s’agisse de la LFC pour l’année 2018 adoptée au cours de l’été, de l’avant-projet de Loi de finances pour 2019 – dont le contenu a été révélé par TSA -, ou encore des dernières assurances du ministre des Finances, tout indique que le gouvernement, et plus largement les cercles dirigeants nationaux, ont fait le choix du maintien d’un statu quo économique complet au moins jusqu’à l’été prochain.

La LFC 2018 avait donné le ton

Les prochaines échéances électorales, qui de façon évidente ne plaident pas en faveur de réformes nécessairement impopulaires, ne sont d’ailleurs désormais plus seules en cause pour inciter le gouvernement à temporiser. Le redressement des cours pétroliers depuis le début de l’année ainsi que les perspectives dans ce domaine pour les prochains mois vont alléger fortement les contraintes qui pèsent à court terme sur les finances publiques.

Avec des recettes de fiscalité pétrolière nettement plus importantes que prévu (environ 400 milliards de dinars rien qu’au premier semestre ), le gouvernement aurait pu , ainsi que l’y invitait beaucoup d’experts nationaux et étrangers , décider de réviser en baisse le déficit du budget et par ricochet le niveau du recours à la planche à billets .

Et bien pas du tout. Les économies réalisées sur le financement du déficit ont été consacrées à la dotation du Fonds National d’Investissement , à hauteur de 500 milliards de dinars, et le programme de financement non conventionnel est maintenu intégralement . Déjà plus de 3500 milliards de dinars ( 30 milliards de dollars ) ont été mis à la disposition du Trésor public par la Banque d’Algérie à fin juin 2018. Le FMI qui vient juste de conseiller au gouvernement de profiter de l’embellie du marché pétrolier pour abandonner le recours à la planche à billets dès 2018 n’a pas été écouté.

De façon très classique, le nouveau contexte pétrolier ne va pas seulement favoriser le maintien d’un niveau élevé de dépenses publiques, il va également permettre de différer les réformes de structure « promises » depuis des années.

Dans ce domaine aussi, la LFC 2018 avait donné le ton. La quasi-totalité des propositions de nouvelles taxes destinées à muscler la fiscalité ordinaire ont été abandonnées en chemin. Sans parler des éphémères projets de mise en concession des fermes d’Etat qui ont connu le même sort que le modeste programme de privatisation proposé par Ahmed Ouyahia en début d’année .

Des dépenses publiques maintenues en 2019

En 2019, le gouvernement n’a manifestement pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Et il semble avoir bien entendu le message venu des plus hautes sphères dirigeantes du pays.

A la fin de l’année dernière, de nombreux spécialistes avaient relevé une annonce surprenante du gouvernement à propos de l’année 2019 . La trajectoire budgétaire annexée à la loi de finance 2018 promettait très solennellement, sans doute pour faire passer la pilule d’un gonflement considérable des dépenses publiques « un retour à la discipline budgétaire dès 2019 avec des dépenses qui devraient être réduites à 7.500 milliards de dinars en 2019 » ( contre 8600 milliards de dinars prévus cette année) .

Une promesse totalement oubliée par le gouvernement .L’avant projet de loi de finances pour 2019 table sur des dépenses de 8.502 milliards de dinars.Un niveau quasiment inchangé par rapport à 2018. Ce sont de surcroit les dépenses de fonctionnement qui connaitront une hausse sensible. Les engagements sur la réduction des dépenses sont désormais renvoyés à 2020 et 2021

Pas de nouvelles taxes en 2019

Une évolution confirmée ces derniers jours. Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, très sollicité ce lundi par la presse à propos de l’avant-projet de loi de finances pour l’année prochaine, a expliqué avec un large sourire que le gouvernement « ne prévoit absolument aucune taxe envers les citoyens, en tout cas dans l’avant-projet de loi de finances ».

« Cette loi est dénuée de toute taxe nouvelle», a-t-il encore précisé en écartant une quelconque augmentation des prix de l’électricité , du gaz et même des carburants . « Il a été décidé de n’apporter aucune augmentation par rapport aux prix de la consommation de ces produits énergétiques ni à ceux des carburants », a-t-il affirmé .Pas question de contrarier qui que ce soit au cours de cette période très sensible .

La réforme des subventions toujours « à l’étude »

La question de la réforme des subventions apporte une autre pièce au dossier de l’ajustement de la position du gouvernement en contexte pré électoral .

Au mois de juillet dernier, les médias nationaux reprenaient en chœur les déclarations du ministre des finances qui évoquaient une possible réforme du système de subventions « dès 2019 » .Une liste de produits étaient déjà prête dans laquelle figuraient au premier rang les tarifs de l’électricité et le prix des carburants et même « peut être » ceux de l’eau .

« Il est clair que cela ne peut pas continuer comme ça pour une simple question d’équité sociale.», avait déclaré avec beaucoup de conviction apparente , Abderrahmane Raouya, le lundi 2 juillet, à la Chaîne III de la radio nationale. Pour preuve du sérieux de cette annonce, le ministre avait ajouté qu’une commission travaillait sur ce dossier qui s’est même fait aidé « un peu » par la Banque Mondiale.

Pour se convaincre que l’année économique et sociale 2018- 2019 a toute les chances de prolonger l’exercice de surplace et de maintien du statu quo de l’économie algérienne , il suffit de prêter une oreille attentive aux dernières déclarations du ministre des finances.

Concernant les subventions, M. Raouya a indiqué lundi dernier que « le gouvernement ne prendra aucune disposition s’il n’y a pas un ciblage de la population qui mérite d’être aidée ». Le ministre des Finances a précisé que le travail pour mettre en place un mécanisme de ciblage se poursuit. « C’est pour cela que nous ne prévoyons aucun dispositif maintenant », a-t-il ajouté.

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