Officiellement, 77 prétendants à la magistrature suprême ont déposé leurs lettres d’intention au niveau du ministère de l’Intérieur et ont retiré les formulaires de signatures. Concrètement, aucun candidat à l’élection présidentielle du 4 juillet 2019 n’a déposé son dossier au Conseil constitutionnel alors que le délai légal du dépôt est fixé ce samedi 25 mai à minuit.
Belkacem Sahli, secrétaire général de l’Alliance nationale républicaine (ANR), a annoncé qu’il suspend sa candidature pour le scrutin présidentiel « jusqu’à ce que les conditions de réussite de la consultation soient réunies ». L’ANR avait conditionné, fin avril 2018, sa participation à l’élection par la désignation d’une instance indépendante pour l’organisation des élections, la révision de certains articles de la loi portant régime électoral, la désignation « d’un gouvernement de compétences nationales » conduit par « une personnalité indépendante » et le règlement de « la crise de légitimité » de l’APN, chambre basse du Parlement.
L’ANR, dans un communiqué rendu public ce samedi 25 mai, rappelle que de « larges couches » de la population algérienne rejette « le cadre dans lequel doit se tenir le 4 juillet », mais pas l’élection elle-même qui est « un moyen démocratique et libre pour exprimer la souveraineté populaire ».
Abdelaziz Belaid, président du Front El Moustakbal, pourrait, lui aussi, se retirer de la course. Contacté par TSA, il annonce que le bureau national du parti se réunira ce samedi et rendra publique une déclaration politique.
Trois partis seulement avaient annoncé leur participation à la présidentielle du 4 juillet. Il s’agit, en plus de l’ANR et du Front El Moustakbal, du Front algérien pour le développement, la liberté et l’égalité (FADLE) de Tayeb Yennoune, un ancien militant du FLN.
L’élection présidentielle peut se tenir avec un seul candidat
S’achemine-t-on vers une élection sans candidats ? « Sans candidats, l’élection présidentielle est reportée de facto, d’une manière automatique. Car ni le Conseil constitutionnel ni le chef d’État par intérim ne peuvent reporter l’élection. Le Conseil peut uniquement proclamer qu’il n’y a pas de candidats. D’où le report. Aucun texte n’a prévu cette situation », explique Fatiha Benabbou, juriste et la spécialiste du droit constitutionnel.
Elle estime que le chef d’État par intérim Abdelakder Bensalah ne peut pas s’appuyer sur l’article 7 de la Constitution (le peuple est la source de tout pouvoir) pour justifier le report de l’élection présidentielle. « Il ne peut le faire que dans le cas d’une crise politique grave, lorsqu’il y a péril dans les institutions, un début de guerre civile par exemple », dit-elle.
Selon Fatiha Benabbou, l’élection présidentielle peut se tenir même avec un seul candidat. « Et, le taux de participation au vote importe peu. Il n’existe pas de texte qui impose un taux minimal de participation pour que le scrutin soit validé. Cela dit, le candidat unique pourrait être délégitimé, voire décrédibilisé, mais il sera élu et reconnu comme tel », précise-t-elle.