Acte XI du mouvement populaire ce vendredi 3 mai. Semaine après semaine, il fait la démonstration de sa vigueur malgré les tentatives du pouvoir de l’asphyxier, de lui obstruer ou couper les voies respiratoires.
Cette fois encore, les gendarmes ont été mobilisés dans une mission de « coupeurs de route » pour empêcher les manifestants de rallier la capitale où l’on croit que l’effet loupe opère plus qu’ailleurs.
Méprise, puisque les réseaux sociaux sont là pour amplifier l’écho des protestataires où qu’ils soient. N’est-ce pas à Kherratta , capitale d’une immense douleur historique, que le mouvement a pris naissance ? N’est-ce pas Bordj Bou Arréridj, dans le cœur des hauts plateaux, qui en diffuse l’un des cris les plus forts ? N’est-ce pas Djelfa qui a déjoué une manipulation consistant à organiser une contre-manifestation pour casser l’unité infaillible observée depuis le début ? Ne sont-ce pas toutes ces villes du pays profond, traditionnellement légitimistes, qui ont signifié aux résidus du bouteflikisme leur inexorable déchéance en refusant de les accueillir ?
Toutes les recettes du pouvoir ont été vomies comme des brouets empoisonnés et des potions toxiques. La dernière preuve en a été fournie en ce 11e acte où l’un des slogans les plus forts a été « makanch onsoriya, khawa, khawa ». Oui, il n’y a pas de racisme entre frères d’une même nation. C’est une réponse adressée au président du MAK que les étudiants de Tizi-Ouzou ont finalement bien fait d’inviter pour le renvoyer directement à l’inanité de son projet, sans le priver de son droit à l’expression. C’est une réponse adressée aussi à cette innommable députée blindée d’ignorance et qui croit faire de la stigmatisation son nutriment politique. Les Djelfaouis ne lui ont pas permis de faire de leur ville le sanctuaire de sa nouvelle allégeance.
Chaque vendredi qui arrive démontre que la division entre Algériens cessera par être une des assises sur lesquelles le pouvoir fonde sa domination. Ni entre régions, ni entre catégories sociales ni entre tendances politiques. L’Algérie est une et diverse. Le peuple algérien est un et divers.
Le piège de la division a été déjoué après celui de la main étrangère que le pouvoir a été le premier à dresser sur le chemin de la résurrection citoyenne avant de révéler qu’il était lui-même soucieux du soutien de ces puissances étrangères qui ne croisent pas son parcours, sinon sous la forme des gaz lacrymogènes achetés auprès de leurs sociétés.
Le mouvement n’est pas plus sensible à cette guerre picrocholine que le chef de l’état-major entend réellement ou prétendument livrer à son ancien compagnon du Renseignement qu’il couvre des habits de diable comploteur. Le poste occupé par le général Toufik le destinait forcément à un rôle de comploteur quand il était en fonction. Qu’il ait ranimé des réseaux dormants laisse dubitatif. D’autant plus que les manifestants savent ce qui les fait sortir dans la rue. Ils ont conscience de leur projet et ne se considèrent pas comme des pantins agités par des marionnettistes tenant des fils invisibles.
Un mois après la démission de Bouteflika, premier résultat du mouvement, le désir de lui voler sa victoire est de plus en plus fort parce que le système croit pouvoir se suffire du sacrifice de l’ancien président pour se maintenir.
Continuer à maintenir Bensalah et Bedoui, qui ne sont même pas des ombres, a mis le nouveau pouvoir face au peuple qui commence à lui demander des comptes.
Face au souffle de la « silmiya », ce n’est pas sans conséquence sur le pouvoir, qui cherche à se maintenir, en utilisant les mêmes recettes que Bouteflika a utilisé pour régner sans partage sur l’Algérie.